À la Une: le Qatargate au Parlement européen
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« La déflagration du Qatargate s’est propagée tout le week-end à une vitesse folle, relate La Croix, sous la houlette du juge d’instruction Michel Claise, qui a instruit sans discontinuer le scandale de corruption, depuis vendredi. Les effets sont dévastateurs pour le Parlement européen, dont l’intégrité est remise en cause par le lobbying agressif de l’émirat organisateur du Mondial de football. Ce mardi, l’institution réunie en plénière devrait officiellement démettre de ses fonctions la vice-présidente Eva Kaili, chez qui plusieurs centaines de milliers d’euros ont été retrouvées à la suite d’une perquisition. L’élue grecque, écrouée après ce flagrant délit, n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire, en attendant une décision de justice pouvant conduire à son exclusion en tant qu’eurodéputée. »
L’affaire est gravissime… « Sans une réaction extrêmement ferme, il y a là tous les ingrédients d’un désastre européen, commente La Croix. Car les soupçons sont indignes d’une institution démocratique. »
La Croix qui s’interroge : « comment exiger des efforts de la part des États membres ou des candidats à l’adhésion, quand on est incapable de prévenir ce type de dérives en son propre sein ? Le prochain renouvellement du Parlement européen aura lieu en 2024. Pour être crédible, l’institution doit sans attendre rehausser ses standards et ériger des garde-fous dignes de ce nom. »
Mafia ?
Libération hausse encore le ton : « absence de contrôle, impunité, prévarication et clientélisme ont rendu possible ce scandale (…) L’Union européenne est gouvernée par une grande famille qui protège les siens et ne s’autolimite qu’en cas de grave scandale. En Italie, on parlerait de mafia. C’est de cela que l’affaire Kaili est le nom. »
Conséquence : « le Qatargate qui secoue le parlement de Strasbourg impose une refonte de son fonctionnement, estime Sud-Ouest. Il en va de sa crédibilité et de celle de l’Europe. (…) Soumise en permanence aux critiques et aux manœuvres de pouvoirs autoritaires qui, eux, ne s’embarrassent jamais de transparence, (allusion très claire à la Hongrie) l’Europe démocratique va devoir tirer toutes les conséquences de ce scandale inédit. Et si elle parvient à réformer en son sein la lutte contre la corruption, elle aura fait beaucoup pour se renforcer, conclut Sud-Ouest, n’en déplaise à Viktor Orban. »
Réforme des retraites : le répit…
À la Une également, la réforme des retraites en France : Emmanuel Macron a surpris tout le monde hier, y compris son camp, en reportant la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier prochain. Commentaire prosaïque d’un conseiller de l’exécutif cité par Le Parisien : « emmerder les Français à deux jours des vacances de Noël, en plein Mondial, après une séquence catastrophique sur le délestage, ça n’était pas une bonne idée. »
Officiellement, relève Le Monde, « le chef de l’État a affirmé vouloir laisser aux partenaires sociaux et aux nouveaux dirigeants de LR et d’EELV le temps d’échanger avec l’exécutif sur ce projet très contesté. (…) Les syndicats, eux, s’interrogent. Notamment la CGT qui déplore 'une annonce bizarre' montrant 'la fébrilité' du gouvernement. 'Ils voient qu’ils ne gagnent pas idéologiquement sur la réforme. La population reste opposée'. »
Argument repris par L’Humanité : « les travailleurs disent non ! », titre le quotidien communiste qui s’appuie notamment sur un sondage IFOP selon lequel 78% des Français rejettent le passage de 62 à 65 ans. Le chiffre monte à 90% pour les employés et à 82% pour les ouvriers.
Mieux attendre ou mieux réformer ?
Le Figaro, lui, s’agace… « Cela fait maintenant presque six ans de concertations : sur ce thème plus que sur aucun autre, les Français et le pouvoir se sont tout dit. On attendait donc comme un aboutissement la présentation des grandes lignes de la réforme par Élisabeth Borne. C’était annoncé avec tambours et trompettes en milieu de semaine.
Si près du but, pourtant, la fanfare doit ranger ses cuivres. Emmanuel Macron, une fois encore, a sonné la retraite. Les motifs invoqués ou supposés laissent songeurs : l’élection d’Éric Ciotti à la tête de LR, celle de Marine Tondelier à la tête des Verts ; le but de Giroud (de la tête) contre l’Angleterre… Ce n’est qu’un report technique, assure-t-on à l’Élysée. »
Alors, « deux hypothèses, pointe Le Figaro. Bienveillante : le chef de l’État gagne du temps pour mieux réformer. Critique : il recule pour mieux attendre. Réponse en janvier, mois des vœux éphémères et des grandes résolutions. »
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