Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: «Si servir la vérité, c'est desservir la France, j'accepte volontiers le blâme»

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La journaliste Ariane Lavrilleux, en conférence de presse dans les locaux de Reporters sans frontières, après une garde à vue de 39 heures, le 21 septembre 2023.
La journaliste Ariane Lavrilleux, en conférence de presse dans les locaux de Reporters sans frontières, après une garde à vue de 39 heures, le 21 septembre 2023. © Thomas Samson / AFP
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Des mots gravés sur les murs d'une cellule de l'hôtel de police de Marseille, à l'aide de la fermeture éclair d'une polaire... Celle de notre consœur Ariane Lavrilleux, à qui Libération consacre son portrait ce samedi 30 septembre. La journaliste a été arrêtée et placée en garde à vue le 19 septembre pour avoir révélé les dessous secrets-défense de l'opération Sirli, cette mission française de renseignement aérien détournée par les autorités égyptiennes pour bombarder des contrebandiers près de la frontière libyenne. Elle a été remise en liberté le 20 septembre, après quelque 39 heures de garde à vue.

Libé décrit « un bulldozer subtil », « 1,51 m tout entier dédié au journalisme », ce « métier-devoir » pour celle qui est également secrétaire générale de l'association Prenons la Une, laquelle milite pour une meilleure représentation des femmes dans les médias.

Mais Libé scanne aussi les fêlures dans le blindage d'Ariane Lavrilleux : sa nostalgie de l'Égypte – pays quitté à contrecœur après près d'une décennie passée dans la capitale –, sa précarité de journaliste pigiste « à moins de 2 000 euros par mois », son combat pour la liberté d'informer, qui est aussi « une lutte pour ne pas tomber dans le trou noir de la dépression ».

Les dérives de la lutte antiterroriste en France

Enquête de Mediapart  sur « l'espionnite » des policiers chargés de surveiller la mouvance écologiste. Le média d'investigation raconte comment un photojournaliste est devenu une cible des services de l'État pendant près de six mois. Le déclencheur : avoir pris des images très partagées sur « l'intrusion de militants dans une cimenterie du groupe Lafarge » dans le Sud de la France, « l'une des usines les plus polluantes » du pays. C'était en décembre 2022 et c'est ainsi que l'homme passe du collimateur de l'appareil photo à celui de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire.

Pendant des mois, notre confrère est pris en filature, « des balises GPS sont placées sous sa voiture », « un logiciel espion est installé dans son téléphone à son insu », avant la perquisition de son domicile. Y sont saisis des vêtements noirs, des livres jugés subversifs, du matériel photographique. Selon Mediapart, « les policiers antiterroristes ont peaufiné un scénario contre un homme », dont on devine les sympathies pour les milieux écolo-radicaux.

Mediapart accuse : « L'enquête repose sur des spéculations malgré les moyens techniques mis en œuvre. » En juillet dernier, le photographe est finalement mis en examen pour, entre autres, association de malfaiteurs. Le média dénonce des juges qui ont adhéré au récit de policiers devenus « hantés par l'écoterrorisme ».

La lutte contre le réchauffement climatique est grippée en Europe

Analyse du Monde qui constate comment les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne appellent à une pause réglementaire sur l'environnement. Le Monde rappelle : « Ces deux dernières années, les 27 ont adopté 32 législations communes pour installer le Pacte Vert ». Un paquet censé permettre la réduction de 55% des émissions de CO2 du bloc d’ici 2030.

Mais dans cette accélération, le premier à avoir mis le pied sur la pédale de frein est Emmanuel Macron. Il y a quatre mois, le président français dit vouloir une « pause réglementaire ». Dans sa foulée une dizaine de ses homologues approuvent publiquement le principe d'une halte des efforts climatiques de l'UE.

Alors, que redoutent ces dirigeants européens ? Outre « la crise économique et l'inflation », « il y a la peur d'une fronde comme celle des Gilets jaunes » selon Le Monde, et surtout un « contexte électoral » lu « comme favorable à l'extrême droite ».

Et le journal d'énumérer les récents renoncements et remises en cause des États : « L'Allemagne [qui enterre] une nouvelle norme d'efficacité énergétique des bâtiments », « l'Espagne où les municipalités refusent les zones à faibles émissions », « la Suède où les taxes sur les hydrocarbures sont allégées », et la France où le président de la République « a jugé utile d'affirmer ''adorer la bagnole'' », grince le Monde, et ce malgré les 7 milliards d'euros consacrés à la transition écologique dans le dernier projet de loi de finances pour 2024.

« La France a connu son mois de septembre le plus chaud de son histoire », relate le Figaro : plus de 3°C par rapport aux températures normales. « Un contexte de réchauffement climatique qui favorise une mer plus chaude, qui contribue à des masses d'air plus chaudes » également. « C'est un engrenage » souligne Le Figaro.

Des nuages

Stratus, cumulonimbus… Le quotidien Libération part à la découverte de la vie des nuages, ces « amas cotonneux », « mystérieux » qui courent « de grands risques de métamorphose » sur « une terre en surchauffe et déréglée ». Libé donne donc la parole aux scientifiques qui explorent les volutes et cherchent à déterminer si elles sont des protections ou des moteurs du réchauffement climatique.

Et à la lecture, révélation paradoxale : « La vapeur d'eau a besoin de se fixer sur des particules en suspension pour devenir nuage », et « plus ces particules sont nombreuses, plus les nuages sont brillants, réfléchissants, et donc rafraîchissants ». Conclusion fataliste de Libération : plus l’humanité limitera sa pollution, plus le ciel nuageux perdra son pouvoir refroidissant.

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