Après 20 années passées sur les plus hautes montagnes du monde et 21 ascensions à plus de 8 000 mètres d’altitude, la trajectoire de ce guide sherpa force le respect. Parce qu'il défend une approche humble, humaniste de son métier et des montagnes, Tendi est une voix qu’il faut écouter dans un contexte ahurissant de marchandisation de l’Everest.

Au Népal, dans la chaîne mythique de l’Himalaya, les plus hautes montagnes du monde renferment la mémoire de tous ceux qui les ont arpentées : des Européens, mais aussi des Népalais, des Sherpas surtout, qui depuis les années 1950, n’ont eu de cesse de guider et rendre possible les grandes expéditions occidentales, en quête de records et de premières sur ces vertigineux sommets, à commencer par l’Everest, le Toit du monde culminant à 8 849 mètres. Pendant longtemps, l’histoire de l’Himalayisme —comme beaucoup d’autres histoires- s’est écrite uniquement du côté des Occidentaux. Laissant dans l’ombre, les locaux, les Sherpas, une ethnie tibétaine installée au Népal qui plus que tout autre, connaît et vit au quotidien ces lieux d’altitude, les grimpe, les craint, les vénère aussi. Mais l’histoire n’est jamais écrite d’avance et aujourd’hui, on assiste à une profonde transformation du secteur économique des ascensions et des treks là-bas, à une professionnalisation aussi des guides sherpa. Et de nouvelles figures, locales cette fois, émergent dans le panthéon des « héros » de l’Everest.
Tendi Sherpa est de ceux-là, et à sa manière, il représente bien cette nouvelle élite de guide polyglotte et formée. Né en 1983 dans un village reculé de la vallée de Khembalung, celui qui sera enfant moine dans un monastère bouddhiste puis porteur à 13 ans, puis guide et chef d’expédition certifié à l’international, est devenu l’un des guides les plus respectés de son milieu. Comme d’autres Sherpas, Tendi défend une approche plus raisonnée de la montagne, en respect avec le milieu qui les nourrit et les a vus grandir. Chez lui, pas d’obsession de performances ou d’ascension à tout prix. Depuis le terrible accident de 2014 sur l’Everest qui a coûté la vie à 16 Sherpas, il est de ceux qui cherchent à valoriser et défendre le métier, accompagnant avec sa fondation les orphelins de Sherpas décédés en haute montagne ainsi que les écoliers de son village natal, encore très reculé. Le tourisme d’altitude occidental génère des richesses considérables et le déséquilibre est saillant dans un pays encore très pauvre, qui affiche un revenu mensuel moyen de 100 dollars seulement.
Suivre le pas pressé de cet enfant des montagnes et de l’Everest, c’est alors comprendre les bouleversements fulgurants qu’a connus le Népal, petit pays coincé entre les géants chinois et indiens ouvert aux étrangers depuis 1951 seulement, et devenu depuis le terrain de jeu des alpinistes du monde entier. Pour les Occidentaux, le plus haut sommet du monde s’appelle Everest mais pour les Sherpas, il sera toujours Chomolungma soit la mère des montagnes.
Avec Tendi Sherpa, guide népalais certifié de l’Union Internationale des Associations de guide de montagne (UIAGM) et Flore Dussey, journaliste suisse et autrice d’une biographie consacrée à Tendi.
En savoir plus :
- Sur le livre « Tendi Sherpa, plus haut que l’Everest ». Une biographie écrite par Flore Dussey. Éditions Glénat
- Sur l’association Népalko Sathi qui mène des projets éducatifs et agro-écologiques dans la vallée de Khembalung
- Sur la Fondation Tendi Sherpa et son agence suisso-népalaise Audan Trekking
- Sur l’histoire de l’alpinisme depuis 1945 dans l’Himalaya et le monde.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne