Sur les chemins du monde

La «route de la Laure», sur les pas des pèlerins orthodoxes de Russie

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C’est un chemin de 120 kilomètres qui part de la place Rouge, en plein cœur de Moscou, pour aboutir au Monastère le plus célèbre de Russie : la Laure de la Trinité-Saint-Serge situé au nord de la capitale russe. Jusqu’à la révolution, le « chemin de la Laure » était le pèlerinage le plus fréquenté de Russie. Puis il s’est perdu sous l’asphalte et les échangeurs d’autoroutes. Alors depuis cinq ans, des passionnés ont décidé de le ressusciter pour tous les marcheurs, qu’ils soient ou non croyants. Reportage sur la route de la Laure avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot.

Le « chemin de la Laure » était le pèlerinage le plus fréquenté de Russie.
Le « chemin de la Laure » était le pèlerinage le plus fréquenté de Russie. © RFI/Daniel Vallot
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C’est aux abords d’une forêt de pins et de boulot, devant la toute petite gare de Radonej que le rendez-vous est fixé. Le petit groupe de randonneur est accompagné par Dmitri Lesniyk, moniteur de marche nordique. Nous sommes au Nord de Moscou, sur la route de la Laure, à une vingtaine de kilomètre du Monastère de Serguiev Possad, le plus célèbre de Russie.

 « La Route de la Laure a longtemps été un pèlerinage très important en Russie. Avant la révolution, les orthodoxes russes avaient comme devoir d’aller saluer les reliques qui y sont conservées, un peu comme les Musulmans quand ils vont à la Mecque ! »

« À cette époque il y avait toute l’infrastructure nécessaire le long de la route : des auberges, des tavernes … et les Tsars eux-mêmes faisaient ce pèlerinage tous les ans ! »

Il y a même eu, je crois, des palais qui ont été construits spécialement, pour que les tsars puissent faire de cette route de façon la plus confortablement possible ?

 « Absolument et à l’époque l’une des marcheuses les plus célèbres c’était Catherine II.  Même si en fait elle trichait un peu : elle marchait deux-trois kilomètres et puis elle montait dans son carrosse pour se reposer dans l’un des palais et le lendemain elle reprenait la route. »

Le pèlerinage a été abandonné en 1917 lors de la révolution... et c’est seulement depuis quelques années, qu’un nouvel itinéraire a été tracé par un groupe de bénévoles.

« Le chemin à l’époque ne se trouvait pas ici, mais sur la route de Yaroslav qui est devenue aujourd’hui une autoroute ! Et donc il a fallu en inventer un autre… »

Est-ce que ça a été difficile, de redessiner un tracé ? Puisque la randonnée part de la Place Rouge, est-ce que ça a été compliqué de retrouver un tracé, comme ça, jusqu’à ce monastère ?

 « Bien sûr il a fallu respecter lieu la sécurité pour éviter les contacts avec les voitures. Et puis il faut s’adapter en permanence : par exemple ce champ que nous traversons, il peut être racheté par une société qui va construire des maisons, et faire passer une clôture, ce sont des choses qui arrivent » 

Au détour du chemin nous faisons une halte devant une source où les habitants du village voisin viennent remplir leurs bidons. L’eau est claire, potable et réputée pour ses vertus médicales comme toutes les sources qui entourent le Monastère nous explique Olga, en remplissant sa gourde.  « L’essentiel c’est d’y croire. Vous avez mal à la tête, vous buvez de cette eau et c'est fini ! Moi j’y crois, et c’est pour ça que je vais au monastère. Vous touchez les reliques, et tous vos problèmes sont résolus. »

Au sein du petit groupe, Olga est la seule à faire le chemin pour des raisons religieuses. Les autres comme Alexandra, se présentent comme des passionnés de randonnée : « Il y a trois ans j’ai fait le chemin de Saint-François d’Assise en Toscane. L’année dernière au printemps, nous voulions traverser les Pyrénées en France mais il y a eu le Covid et on a dû tout annuler ! ».

Et finalement, c’est une chance alors, le Covid, parce que, du coup, vous découvrez la randonnée en Russie ?

« C'est vrai ! Je me suis mise à marcher près de chez moi et à faire des randonnées autour de Moscou. Avant, les sentiers n’étaient pas très nombreux et pas très bien balisés. Cet été il y a un groupe qui va marcher de Moscou à Arkhangelsk sur la Mer Blanche ! Ils vont prendre deux mois pour le faire ! »

Entre Moscou et Arkhanlesk, dans le Grand Nord, il y a plus de 1200 kilomètres. Alexandra avoue que la distance l’effraie. Elle se contentera donc pour l’instant des 120 kilomètres du chemin de la Laure.

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