Tour du monde des correspondants

Octobre rose: différentes initiatives de sensibilisation et de lutte du cancer du sein aux quatre coins du globe

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Octobre Rose... c'est chaque année une campagne mondiale pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein, première cause de mortalité par cancer chez les femmes dans le monde. Mais derrière le ruban rose traditionnellement associé à cette opération, les politiques de santé publique sont souvent très différentes d'un pays à l'autre. C'est l'objet cette semaine de notre Tour du monde des correspondants.

Plus de 2,2 millions de cas de cancer du sein ont été recensés en 2020 (OMS).
Plus de 2,2 millions de cas de cancer du sein ont été recensés en 2020 (OMS). © Shutterstock - Rawpixel.com
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En Inde, l'engagement communautaire fait force

Loin des mammographes coûteux des métropoles, l'Inde a développé une révolution discrète : un million de « travailleuses de l'espoir » sillonnent les villages les plus reculés, des femmes-relais qui sont la colonne vertébrale d'un programme de dépistage national (NPCDCS), et qui prouvent que l'engagement communautaire est une solution efficace et peu coûteuse.

C’est une routine désormais, chaque matin, près d'un million de femmes, connues sous le nom d'ASHA, font du porte-a-porte dans les campagnes indiennes. ASHA est l'acronyme anglais pour militante agréée de santé (Accredited Social Health Activist), mais en hindi, il signifie « espoir ».  Une de leurs missions les plus vitales est la lutte contre le cancer du sein, première cause de cancer chez les femmes en Inde.

Dans le cadre de ce programme national de prévention, elles privilégient non pas la mammographie, logistiquement lourde, mais la sensibilisation et l'examen clinique. Leur mission suit une règle simple : une ASHA pour mille habitants. Elles forment l'un des plus grands réseaux de santé communautaire au monde. Cette stratégie a permis le dépistage de plus de 172 millions de femmes.

Le défi, désormais, est de s'assurer que ce dépistage mène à des soins. Pour cela, le gouvernement prévoit de créer 200 centres de cancérologie dans les hôpitaux.

Au Brésil, un bateau fluvial porte la lutte

Dans un pays gigantesque comme le Brésil, l’accès au soin pour les communautés isolées est un problème clef... En Amazonie, il existe des campagnes de « dépistage fluvial » qui proposent des mammographies aux habitantes de la forêt.

Oui, un bateau hôpital, qui navigue de communauté en communauté, c’est le projet porté par plusieurs ONG, en partenariat avec le Système unique de santé du gouvernement brésilien. Car en Amazonie, le taux de médecin par habitant est largement inférieur au reste du pays : on compte moins de deux médecins pour 1 000 habitants, contre plus de trois pour mille dans les régions Sud du pays. Et pour cause, les territoires indigènes et ribeirinhos, c’est-à-dire des communautés qui vivent au bord des rivières, sont difficiles d’accès. Pourtant, le cancer du col de l’utérus et le cancer du sein sont les principales causes de mortalité des femmes dans ces régions. En ce mois d’octobre, le bateau Saint Jean XXIII est parti de Manaus, capitale de l’État d’Amazonas. Avec ses 48 mètres de longueur, quatre étages, multiples services et lits d’hospitalisation, le bateau remonte le fleuve Amazone et ses affluents.

Au Kenya, les cliniques éphémères vont à la rencontre des patientes

Au Kenya, le gouvernement a un objectif : diminuer d’un tiers d’ici à 2028 le nombre de personnes qui meurent prématurément du cancer. Mais la maladie est souvent dépistée trop tard. Et pour lutter contre le cancer du sein, des associations ont décidé de se rendre au plus près des patientes avec des cliniques éphémères.

C’est un projet financé par la fondation M-pesa, le système de portefeuille mobile de l’opérateur téléphonique Safaricom. Depuis 2023, des camps médicaux temporaires sont installés un peu partout à travers le Kenya. Plus de 160 000 personnes ont déjà pu en bénéficier. Le temps d’un week-end, les patients peuvent y recevoir gratuitement les soins de santé de base. Et notamment se faire dépister pour le cancer du sein. L’année dernière, pour octobre rose, quatre camps ont même été dédiés à la lutte contre la maladie. 

Derrière cette initiative, il y a une problématique : au Kenya, d’après des chiffres des autorités, 70% des cas de cancer sont diagnostiqués à des stades avancés. Le dépistage se fait trop tard parce qu’il y a un manque de connaissance des symptômes, que les coûts d’accès aux soins sont trop élevés ou encore que les établissements sont trop éloignés. Ces camps permettent donc d’apporter des dépistages gratuits, dans des zones reculées. Et de sensibiliser les populations.

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Au Japon, la technologie est au cœur de ce combat

Dernière destination de ce tour du monde, le Japon, pays en pointe de la technologie... où l'on a recours à la robotique, à la réalité virtuelle, et à l’intelligence artificielle pour perfectionner les procédures chirurgicales et améliorer le bien-être psychologique des patientes.

Des chercheurs japonais ont mis au point un détecteur de cancer du sein pour son dépistage précoce que l’on utilise à domicile. L’appareil a été présent en 2013. L’intelligence artificielle sert à détecter des régions suspectes de cancer du sein sur des images échographiques, en temps réel, augmentant la précision du diagnostic.

Des chercheurs de l’université de Tokyo ont développé un spray spécial pour détecter rapidement les cellules cancéreuses dans les tissus après une chirurgie du sein.

Les casques de réalité virtuelle aident à soulager l’anxiété, la douleur, les symptômes de détresse chez les patientes. Après une chirurgie du sein, la réalité virtuelle est utilisée dans des programmes de rééducation pour encourager les mouvements précoces et répétitifs des membres supérieurs.

Des thérapies corps-esprit qui consistent à canaliser l’énergie universelle pour apaiser le corps et l’esprit aident les patientes à ajuster leur vie aux changements causés par une chirurgie du cancer du sein.

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