Remontée du Mississipi: deux capitales musicales pour le Tennessee, berceau du rock et de la country (5/7)
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La suite de notre remontée du fleuve Mississippi nous emmène aujourd’hui dans le Tennessee. Les effluves de whiskey ne trompent pas, et la chanson Tennessee Whiskey entonnée par Chris Stapleton non plus : ici, l’art de la distillation est un savoir-faire qui remonte XIXᵉ siècle, quand les pionniers d’origine écossaise et nord-irlandaise se sont installés dans la région. Ils ont aussi amené leurs chansons traditionnelles, qui peu à peu se sont enracinés pour donner naissance à la country.

Car l’État du Tennessee est surtout un berceau de la musique américaine : au cœur de sa capitale, Nashville, une radio locale, lance dans les années 1920 une émission hebdomadaire consacrée à la country. Elle attire vite les apprentis chanteurs et musiciens, et c’est à Nashville que toute une industrie s’organise. Aujourd’hui encore, la ville est d’ailleurs surnommée Music City, USA !
Mais la particularité du Tennessee, c’est de compter deux immenses villes de musique : d’un côté donc Nashville, ville blanche du centre du territoire, de l’autre Memphis, sur les bords du Mississippi, à la frontière de l’Arkansas. Et Memphis est une ville de blues : c’est là que B.B. King se fait connaître, c’est là que cette musique continue de vivre aujourd’hui. C’est aussi là que s’écrit, dans les années 1950, une page incontournable de l’histoire du rock : l’avènement d’Elvis Presley, recrue la plus célèbre du label Sun Records, véritable accélérateur de particules où se mélangent la country blanche et le rhythm'n’blues noir.
Ce mélange est aussi la recette d’un autre label meeting : l’inoubliable Stax Records, fondé par Jim Stewart. Des musiciens blancs et noirs sont recrutés pour former le groupe maison, Booker T and the MG’s, auteurs du légendaire Green Onions. Ce sont aussi eux qui accompagneront pendant une décennie les noms mythiques du label, de Sam & Dave à Otis Redding en passant par Isaac Hayes, Albert King ou Mavis Staples.
De ces deux labels, il reste des musées et des titres légendaires, mais bien peu hélas de l’esprit qui les animait : aujourd’hui Memphis reste une ville où les inégalités raciales sont visibles, l’une des métropoles les plus dangereuses des États-Unis, dans un État ultra-conservateur promis à Donald Trump en novembre.
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