Ça fait débat avec Wathi

COP28: l’indispensable engagement des jeunes pour changer notre rapport à la nature

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La COP28 s’est ouverte à Dubaï aux Émirats arabes unis avec la confirmation de l’opérationnalisation du Fonds destiné à financer les « pertes et dommages » climatiques des pays durement touchés par les événements climatiques extrêmes. Pour les pays africains, c’est une bonne nouvelle, mais le continent défendra à Dubaï de nombreuses autres positions et affichera plus d’unité que lors des précédentes COP.

Gilles Yabi.
Gilles Yabi. Archive de Gilles Yabi
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Oui tout à fait. Alors, il faut saluer le lancement effectif du fonds pertes et dommages, mais comme le soulignent de nombreux spécialistes, il n’y a pour le moment aucune obligation de contribuer au fonds pour les pays historiquement les plus émetteurs, ni de cible financière à atteindre alors qu’il faudrait des centaines de milliards de dollars pour répondre aux effets dévastateurs des catastrophes climatiques. Et il faudra aussi s’assurer qu’on ne fera pas l’amalgame entre le financement des pertes et dommages et le financement des mesures d’adaptation aux conséquences inévitables du changement climatique, qui est aussi une priorité pour les pays africains.

L’enjeu reste celui d’obtenir des engagements clairs et conséquents de la part des pays dont le niveau de vie actuel est en partie le résultat des activités économiques gourmandes en énergies fossiles, largement responsables du réchauffement de la planète. Le continent africain devrait afficher à Dubaï son unité derrière les 50 points de la déclaration finale du premier sommet africain sur le climat organisé au Kenya du 4 au 6 septembre dernier.

Dans cette déclaration dite de Nairobi, l'Afrique se présente comme continent incontournable dans la réponse mondiale au changement climatique…

Le continent a le plus grand potentiel pour incarner une alternative aux combustibles fossiles polluants. Un potentiel naturel pour générer des énergies propres, le solaire, l’éolien, la géothermie, mais aussi un réservoir majeur des matières premières indispensables pour les batteries, les piles à hydrogène et de manière générale pour les technologies de la transition énergétique. Le continent abrite notamment 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine. La déclaration de Nairobi met un accent fort sur l’énergie et la nécessité d’investissements massifs dans les énergies renouvelables pour passer d’une capacité de 56 gigawatts en 2022 à, au moins 300 gigawatts, d'ici à 2030. La déclaration rappelle que seuls 60 milliards de dollars, soit 2 pour cent des 3 000 milliards de dollars d'investissements dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie, sont allés à l’Afrique.

L’implication et la mobilisation des jeunes dans la lutte contre le changement climatique sur le terrain, dans chaque pays et au quotidien, est selon vous cruciales. Ce fut le thème d’une de vos tables rondes virtuelles de Wathi

Nous l’avions organisée en partenariat avec la Banque mondiale dans le sillage du sommet africain sur le climat. Des échanges très encourageants, incitant à l’optimisme dans un contexte où on a parfois le sentiment que les jeunes ne sont plus engagés dans des causes d’intérêt général, qu’ils ne croient plus à leur capacité d’influencer les évolutions de leurs sociétés par leurs actions individuelles et collectives.

Après un exposé très pédagogique de Kanta Kumari Rigaud, spécialiste principale de l'adaptation et coordinatrice pour la Banque mondiale du Programme pilote pour la résilience climatique, nous avons écouté quatre activistes qui mènent des actions remarquables dans leurs pays respectifs, Paule Sara Nguie, de la République du Congo, Yero Sarr du Sénégal, Chibeze Ezekiel du Ghana et Jania Yosimbom,18 ans seulement, qui fait de la sensibilisation dans les milieux scolaires au Cameroun.

L’engagement de la jeunesse est essentiel d’abord parce qu’il s’agit de leur avenir, de celui de leurs enfants et petits-enfants, plus que de celui des gouvernants plutôt âgés qui prennent les décisions aujourd’hui. Ce sont les jeunes et les très jeunes qui peuvent encore redéfinir le rapport des êtres humains à la nature. Ce qui est en jeu, c’est bien un changement radical de notre relation avec la planète que nous ne faisons qu’habiter à tour de rôle et très furtivement. La clé reste l’accès à l’information, aux connaissances pour nourrir la réflexion et l’action collectives.

► Pour aller plus loin :

La Déclaration des dirigeants africains de Nairobi sur la déclaration des dirigeants africains de Nairobi sur le changement climatique et l’appel à l’action,

- L’engagement de la jeunesse africaine face au changement climatique, table ronde virtuelle,

- Page thématique sur les enjeux du changement climatique de la Banque mondiale,

- Portail de la Banque mondiale consacré aux connaissances sur le changement climatique, The Climate Change Knowledge Portal,

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