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L’Italie dit «ciao» aux nouvelles routes de la soie

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Un peu plus de quatre ans et la rupture est déjà consommée : l'Italie renonce au grand programme d'investissements chinois, que le gouvernement populiste de Giuseppe Conte avait épousé en 2019. La lettre recommandée vient de partir et signe la fin discrète d'une histoire courte et compliquée.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, en Angleterre, le 2 novembre 2023.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni, en Angleterre, le 2 novembre 2023. © AP/Alastair Grant
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Fini le temps où Xi Jinping était reçu comme un roi par Giuseppe Conte, un Premier ministre italien sans expérience institutionnelle, inconnu au bataillon et porté au pouvoir par les trublions antisystème du mouvement Cinq étoiles. Entre l’Italie et la Chine, disait Conte en 2019, il faut passer la seconde, et les deux pays avaient signé plusieurs accords de principe avec Pékin, dans des domaines aussi variés que le tourisme, le sport ou l’alimentation, faisant de l'Italie le premier pays du G7 à rejoindre les routes de la soie.

Ce pas de côté avait provoqué la consternation au sein des chancelleries occidentales, sidérées par le tapis rouge déroulé devant le président chinois et par l’ampleur du pactole de 20 milliards d’euros promis par Pékin au gouvernement italien. À Washington, la Maison Blanche a tout de suite sorti le revolver, au nom du « derisking », l’idée d’atténuer dès que faire se peut les prises de risque dès qu’il s’agit de traiter avec les autorités chinoises. De toute évidence, ces fiançailles sino-italiennes financées par les banques chinoises n’entraient pas dans ce cadre.

Rupture à l'amiable

Au bout du compte, cette incursion sur les « routes de la soie » n’a rien produit de tangible, si ce n’est faire mettre les Européens sur la défensive et les Américains en colère. Si l'on écoute l'actuel ministre de la Défense, la décision de 2019 était improvisée et complètement à côté de la plaque. Elle a certes boosté les exportations chinoises vers l'Italie, mais pas du tout l'inverse, de sorte que l’Italie accuse toujours un énorme déficit de sa balance commerciale vis-à-vis de Pékin. Ces accords n'ont pas fait bouger les lignes d'un centimètre.

Pour l’Italie, le seul sujet qui vaille reste de se quitter bons amis, en espérant ne pas trop énerver la Chine. Giorgia Meloni avait prévenu pendant sa campagne qu'elle dénoncerait ces conventions, au nom du positionnement agressif de Pékin sur la scène mondiale et de ses ambitions territoriales en Afrique. Elle l'avait d’ailleurs répété au sortir d’un rendez-vous avec Joe Biden à la Maison Blanche l'été dernier. La dirigeante nationaliste qui se veut « Otan - compatible » pourra se targuer d’avoir tenu parole, mais attention maintenant aux mesures de rétorsion, en particulier dans le domaine commercial. S’il y a un secteur qui tremble, c'est celui du luxe italien, ultra-dépendant de la clientèle chinoise. Les premiers effets de la rupture, s’il y en a, devraient se faire sentir l’an prochain.

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