À la Une en Asie

Communauté sikh: impasse diplomatique entre l’Inde et les pays du Commonwealth

Publié le :

Les États-Unis ont arrêté un citoyen indien, accusé d’avoir préparé, avec le gouvernement indien, des assassinats de figures de l’indépendantisme sikh sur leur sol. Le Canada formule les mêmes accusations. Quelles sont les racines de cette crise ?

Un sikh porte un t-shirt à l'effigie du leader indépendantiste Hardeep Singh Nijjar, en Colombie britannique, juin 2023 (photo d'illustration).
Un sikh porte un t-shirt à l'effigie du leader indépendantiste Hardeep Singh Nijjar, en Colombie britannique, juin 2023 (photo d'illustration). © AP/Darryl Dyck
Publicité

De notre correspondant à Bangalore,

C’est une cause ancienne pour certains sikhs qui estiment que rejoindre l’Inde après la partition du sous-continent a été une erreur. Cela a provoqué une quasi-guerre civile en Inde dans les années 1980 et les militants sont depuis surtout établis à l’étranger. Cette année, la question de l’indépendantisme sikh revient sur le devant de la scène avec tous les éléments d’un vrai scandale.

En septembre, le Premier ministre canadien Justin Trudeau accuse le Research and Analysis Wing (RAW), c'est-à-dire les services secrets indiens, d’avoir assassiné Hardeep Singh Nijjar. L’homme est un célèbre militant de l’indépendance du Pendjab, l’État indien dont les sikhs sont issus. Il n'y a pas de preuves, répond avec agressivité l’Inde. New Delhi en profite pour renvoyer 41 diplomates canadiens à domicile. 

Mais en novembre, les États-Unis annoncent avoir arrêté un homme, Nikhil Gupta, qui a tenté de recruter un tueur à gage pour viser des cibles sikhs, en Californie notamment. Cette fois, ce sont les services secrets indiens qui ont été priés de plier bagage à San Francisco, mais aussi au Royaume-Uni où l’on trouve une importante communauté sikh. Les faits semblent avérés et l’Inde adopte un ton beaucoup plus diplomatique, lançant une commission d'enquête.

Calme relatif menacé

Quelles sont les conséquences de toutes ces accusations ? Dans l’ensemble, la crise reste larvée, car le Commonwealth a besoin de l’Inde et vice versa. Mais New Delhi est accusée de jouer trouble et sommée de faire rapidement la lumière sur ces tentatives de meurtres dans des pays alliés. C’est ce qu’a demandé le patron du FBI en visite à New Delhi il y a quelques jours.

Justin Trudeau a menacé de mettre à son tour des preuves de la responsabilité du meurtre sur la place publique, pendant que le ministre de l’Intérieur indien lui a demandé pourquoi il hébergeait des terroristes. Même si Hardeep Singh Nijjar et les cibles aux États-Unis sont considérés comme de simples citoyens par ces pays. 

La Cour suprême indienne vient d’accepter une demande de Nikhil Gupta, le citoyen indien accusé par les États-Unis. Il affirme être victime d’un complot et avoir été arrêté illégalement en République tchèque. De son côté, la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale a demandé à l'administration Biden de désigner l'Inde comme « pays particulièrement préoccupant ».

Tout ceci contribue à faire monter les tensions entre la diaspora sikh et hindoue, qui se sont affrontées dans les rues ces derniers mois, au Canada ou au Royaume-Uni. Selon le New York Times, beaucoup de temples sikhs aux États-Unis craignent pour leur sécurité et se munissent de caméras. Gurpatwant Singh Pannun, cible supposée des services de renseignements indiens aux États-Unis, a lui menacé l’Inde d’attaques sur son parlement. Au-delà des conséquences diplomatiques de l’affaire, c’est donc le calme relatif entre ces deux communautés religieuses qui est menacé, du Canada à l'Inde en passant par l’Australie.

À lire aussiTensions entre l'Inde et le Canada, les deux pays expulsent des diplomates

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes