Corée du Nord: une centrale nucléaire relancée pour la production de plutonium
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La Corée du Nord a lancé un nouveau réacteur à eau-légère dans sa centrale nucléaire de Yongbyon, à une centaine de kilomètres de sa capitale. Ce réacteur permettrait au régime de produire du plutonium, élément essentiel à la fabrication d'armes nucléaires. Ce lancement intervient une semaine après le tir d'un missile intercontinental, capable d'atteindre les États-Unis. Que savons-nous de la mise en route de ce nouveau réacteur ?

Il est évidemment difficile de savoir exactement ce qu'envisage de faire le régime nord-coréen. Cependant, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a publié récemment un rapport, photos satellites à l'appui, démontrant l'activité de ce nouveau réacteur. L'eau chaude relâchée par la centrale montre bien que cette dernière est en marche, depuis la mi-octobre 2023, comme le pensaient les observateurs. La Corée du Nord viole ici encore une fois les sanction des Nations unies.
Rafael Grossi, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré s'inquiéter d'une possible production de plutonium. Il s'inquiète également de la sûreté de ce réacteur. Mais sans pouvoir y accéder, impossible de s'en assurer.
Quelles sont les capacités de production de plutonium de la Corée du Nord ?
Selon Rafael Grossi, ce nouveau réacteur pourrait produire des quantités importantes de plutonium. En effet, celui-ci est plus puissant que le précédent, ce qui permettrait au régime d'accélérer sa production d'armes nucléaires.
Le nombre de ces dernières fait l'objet de tout un tas d'estimations, très difficile à prouver. Les différents instituts américains et internationaux se disputent les chiffres avec une très large fourchette, d'une dizaine à plus de 60 têtes nucléaires. En 2023, la dernière estimation du think tank américain Isis donne une moyenne de 45 armes nucléaires. D'après ces derniers, le régime pourrait théoriquement en fabriquer 12 autres par an.
Mais tout cela reste à prendre avec des pincettes, tant il reste de zones d'ombres sur les capacités de production nord-coréennes.
Quelles sont les intentions du régime ?
Ces deux dernières années, la Corée du Nord a intensifié ses essais et tirs de missiles. En 2023, c'est pas moins de 36 missiles qui ont été lancés, dont cinq intercontinentaux – le dernier en date, la semaine dernière. Chaque essai entraîne évidemment des réactions de Séoul et Washington.
Selon les experts sud-coréens interrogés par le Korea Times, c'est justement là que tout se joue. 2024 est une année politiquement chargée, avec la présidentielle américaine et les législatives sud-coréennes. La Corée du Nord pourrait profiter du temps qu'il lui reste pour gonfler son arsenal en amont de possibles négociations, une fois les élections terminées.
Et en Corée du Sud, quelle est la position du pays au sujet des armes nucléaires ?
Signataire du traité de non-prolifération, le pays ne peut évidemment pas en produire. Mais chaque avancement nord-coréen en la matière ravive l'éternel débat : le sud doit-il lui aussi se fournir en armes atomiques ?
Le ministre de la Défense sud-coréen est revenu sur le sujet la semaine dernière en balayant cette option de la table. À mesure que les États-Unis et la Corée du Sud renforcent leur alliance militaire, l'acquisition d'une bombe nucléaire par Séoul signerait la fin probable de la protection américaine. Cependant, face à l'inquiétude, Washington a donné des gages, comme la venue de sous-marins et bombardiers nucléaires en Corée du Sud.
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