L’interdiction des feux d’artifices, un sujet brûlant en Chine, à l'approche de la fête du printemps
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La question d’une éventuelle levée de l’interdiction des pétards et des feux d’artifices revient au cœur du débat en Chine à l’approche du Nouvel An lunaire.
de notre correspondant à Pékin,
Il y a eu de la neige à Noël dans de nombreuses provinces chinoises, mais y aura-t-il des feux d’artifices pour la fête du printemps et les vacances qui suivent le Nouvel An lunaire en février prochain ? La question une nouvelle fois embrase les réseaux sociaux ici, depuis que Chen Chunyao, le directeur du comité du travail juridique au sein du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, a dévoilé les travaux du comité le 26 décembre. Un rapport, dans lequel il est précisé qu’aucune loi nationale ne mentionne explicitement une interdiction totale des feux d’artifices. Ainsi, toute politique locale interdisant la pyrotechnie, sauf exceptions, peut-être en conflit avec la loi.
Accidents et pollution
Or c’est justement au niveau des provinces et même des municipalités que ces interdictions se décident. La télévision centrale de Chine en a fait mention.
Le quotidien du Henan au centre du pays et Les Nouvelles de Pékin ont aussitôt réagi en publiant des éditos demandant la levée des interdictions. Parmi les raisons invoquées pour la limitation de l’usage public ces feux d’artifices, il y a évidemment les risques d’incendies et les accidents.
Quand les artifices étaient encore autorisés pour le Nouvel An lunaire à Pékin, il y avait parfois des morts et à chaque fois des dizaines, voire des centaines de blessés. Les feux d’artifices, c'était aussi de la pollution et un épais brouillard de fumées pendant des jours entiers, mais la qualité de l’air n’est pas comparable à ce qu’elle était il y a dix ans dans la capitale, disent aujourd’hui les partisans de la levée de l’interdiction. « Les réglementations locales pertinentes sur l'interdiction totale de la vente et de l'allumage de feux d'artifice et de pétards sont incompatibles avec les dispositions pertinentes de la loi sur la prévention et le contrôle de la pollution atmosphérique et les règlements sur la gestion de la sécurité des feux d'artifice et des pétards », note le quotidien singapourien Lianhe Zaobao.
La lutte policiers – pétaromans
Les feux d’artifices peuvent aussi être perçu comme un geste rebelle, une expression libertaire intempestive. On l’a vu encore ces derniers jours, de nombreux amateurs ont été arrêtés par la police, la sortie des lances à incendie pour éteindre les gerbes de couleurs qui éclairent les longues nuits d’hiver. Mais rien à faire, les Chinois aiment les pétards... On dit souvent que les feux d’artifices sont la quatrième des inventions chinoises et les « pétaromans » ne manquent pas ici. « C’est vrai que ça faisait du bruit, c’est vrai qu’il y avait de la fumée, c’est vrai aussi qu’il y avait des accidents, mais sans les pétards, la fête du printemps n’est plus comme avant », nous confiait récemment une employée chargée du ménage dans des tours de bureaux du quartier des affaires de Pékin.
Il y a ces impératifs de sécurité évoqués par les autorités qui font qu’après les feux d’artifices, la Chine a inventé les « chorédrones », les chorégraphies de drones et les feux d’artifices électroniques comme aux derniers jeux asiatiques de Hangzhou. Mais les feux d’artifices restent une tradition chinoise, un peu comme les BD, on aime les pétards de 7 à 77 ans et souvent les adultes ne sont pas les derniers à s’amuser.
Vers une levée de l’interdiction ?
Face à la pression de l’opinion pour une levée de l’interdiction des feux d’artifice pour la prochaine fête du printemps, s’oppose à l’obsession de stabilité et de sécurité des autorités qui n’aiment pas les rassemblements publics. On l’a vu encore dimanche soir avec l’annulation des « décomptes du passage à 2024 » dans de nombreuses villes du pays, à Xi’an et à Zhengzhou notamment. Les évènements ont parfois été interrompus à la dernière minute à la grande déception des habitants. Mais la situation économique étant ce qu’elle est, les autorités centrales sont contraintes de desserrer un peu la vis. C’était le cas pour les restrictions sanitaires après les manifestations historiques à pékin et Shanghai en 2022. C’était le cas aussi en 2023 pour les célébrations d’Halloween à Shanghai et pour le Nouvel An il y a quelques jours.
Y aura-t-il un retour des pétards pour l’entrée dans l’année du dragon en 2024 ? Rien ne permet de l’affirmer à 100 %, mais il y en a tous cas une réflexion en ce sens encore une fois.
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