Libéré de Thaïlande, le groupe de rock russe Bi-2 continuera à chanter son opposition à la guerre en Ukraine
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À la Une en Asie ce matin vous emmène en Thaïlande, où le célèbre groupe de rock russe Bi-2 a passé quelques nuits d’angoisse dans un centre de rétention pour migrants, sous la menace d’être expulsé vers la Russie au prétexte d’avoir travaillé sans autorisation. Malgré la pression de Moscou, le nouveau gouvernement thaïlandais a tranché : les rockeurs ont pu s’envoler vers Israël.
La main levée, sourire aux lèvres, le groupe Bi-2 s’est pris en photo avant de monter à bord de l’avion à destination de Tel Aviv. Un départ in extremis depuis Bangkok pour les musiciens, dernier recours pour échapper à une expulsion vers la Russie, où ils risquaient de lourdes peines de prison pour avoir critiqué le président Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine.
« Bientôt, ils joueront et danseront devant leurs camarades de cellule », avait pourtant tonné le député nationaliste russe de la Douma, le Parlement russe, sur les réseaux sociaux. Mais non, les sept membres de Bi-dva sont aujourd’hui libres et en sécurité. L’égérie de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaya, s’en félicite sur le réseau X. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a reçu le groupe, dont certains membres ont la nationalité israélienne, en fin de soirée à Jérusalem. « J’ai dit aux membres du groupe : la musique vaincra », a déclaré Israël Katz dans un communiqué.
« Nous sommes libres »
« Nous sommes libres », s’est réjoui le groupe rock russophone quelques heures après son arrivée en Israël, le 31 janvier, sur Facebook, « merci à tous ceux qui se sont battus et qui nous ont soutenus ».
C’est le dénouement heureux et la fin d’un bras de fer diplomatique dans une affaire extrêmement délicate pour le nouveau gouvernement thaïlandais, d’autant que le nouveau Premier ministre Srettha Thavisin compte renforcer ses liens économiques avec Moscou, un partenaire important. Cette affaire était donc un « test crucial » pour le gouvernement, estime l’ONG Human Rights Watch, qui se réjouit que finalement les préoccupations en matière de droits de l’homme aient prévalu dans la décision de la Thaïlande. Une expulsion aurait été en effet une première. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, Bangkok n’a jamais encore renvoyé par la force des dissidents russes.
Phuket : haut-lieu de la communauté russe en Thaïlande
De nombreux Russes sont arrivés en Thaïlande depuis 2022, soit pour fuir la guerre, soit pour éviter d’être appelés aux armes. L’île de Phuket dans le sud du pays, paradis touristique aux plages de sable fin et palmiers, est l’un des hauts-lieux de la communauté russe en Thaïlande. C’est justement là que les rockeurs du groupe Bi-2 devaient se produire le 24 janvier, avant d’être arrêtés, au motif qu’ils n’étaient pas en possession d’un visa de travail.
Le groupe anti-guerre Bi-2 se savait depuis longtemps dans le collimateur du Kremlin : « nous savons que l’on veut nous punir pour notre créativité, nos opinions et nos positions », avait écrit le groupe sur Facebook. En mai dernier déjà, le ministère russe de la Justice avait accusé le chanteur principal Igor Bortnik d’être un « agent étranger ». Après leur arrestation en Thaïlande, un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères avait accusé les rockeurs d’avoir « sponsorisé le terrorisme » en soutenant publiquement l’Ukraine et en dénigrant la Russie.
Après cette grosse frayeur, c’est donc le soulagement pour les fans qui attendent avec impatience d’autres concerts du célèbre groupe. Aujourd’hui en exil en Israël, Bi-2 pourra continuer à chanter son opposition à la guerre. Bonne nouvelle pour les fans : le groupe a annoncé que les prochains concerts en Europe et à Dubaï « auront lieu comme prévu ».
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