L’archipel aux lagons bleus et aux atolls paradisiaques est en pleine révolution diplomatique, initiée par le nouveau gouvernement maldivien qui se détourne de l’Inde au profit de Pékin.

C’est allé très vite, mais c’est déjà du concret : les Maldives viennent de conclure un accord d’assistance militaire avec Pékin, qui prévoit la formation des forces de sécurité maldiviennes par des instructeurs chinois, ainsi que la fourniture de matériel d’autodéfense.
Jusqu’ici, les deux pays collaboraient avant tout dans le cadre des Nouvelles routes de la soie, le colossal programme d’investissements chinois lancé par Xi Jinping, il y a dix ans. La Chine a avancé plus d’un milliard de dollars aux Maldives sous forme de dons et de prêts depuis 2014 et réalisé des chantiers emblématiques comme la construction du pont Sinamalé, qui a permis de relier par la route la capitale, Malé, à l’aéroport international.
Mais depuis la signature d’un partenariat stratégique avec Pékin au début de l’année, le gouvernement maldivien a fait entrer les relations bilatérales dans une nouvelle dimension. La Chine doit ce pas de géant au nouveau président de la République des Maldives, en fonction depuis le mois de novembre.
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Le président Mohamed Muizzu, avait fait campagne sur la fin de l’ingérence indienne
Pendant la dernière élection, Mohamed Muizzu, avait fait campagne sur le thème clivant de la fin de l’ingérence indienne. Et surfé sur un dossier symbolique : la présence sur le sol des Maldives d’environ 80 militaires indiens, postés dans le pays au terme d’un accord passé par une administration précédente. Ces soldats désarmés, réalisant des missions d’évacuation médicale en hélicoptère entre les atolls maldiviens, Mohamed Muizzu avait promis de les mettre à la porte s’il était élu, au motif que « les Maldives sont trop petites pour se mettre au centre de la lutte de pouvoir entre l’Inde et la Chine ».
Il a tenu parole, il n’y aura d'ici au 10 mai plus aucun soldat indien présent dans l’archipel, et le nouveau patron des Maldives fait savoir qu’il entend passer en revue l’ensemble des accords signés avec l’Inde ces dernières années. Officiellement, cette volte-face survient au nom du neutralisme diplomatique, Malé ne voulant pas donner l’impression d’avoir choisi son camp en maintenant des liens étroits avec l’Inde.
Mais il est difficile d’écarter une autre hypothèse : une forme de riposte face aux textes discriminatoires adoptées par le gouvernement du Premier ministre indien. Narendra Modi multiplie les mesures de harcèlement visant les minorités religieuses, en particulier les musulmans, et la proximité des Maldives avec New Delhi devenait peut-être intenable dans un pays où l’islam est la religion d’État.
On a d’ailleurs vu les esprits s’échauffer à la fin de l’année 2023, Mohamed Muizzu se voyant obligé de suspendre trois de ses ministres après des messages d’insulte postés sur les réseaux sociaux, où ils taxaient Narendra Modi de « clown », de « terroriste » ou de « suppôt d’Israël ». L’épisode a laissé des traces et provoqué en Inde un appel au boycott des Maldives comme destination touristique. Avec les Russes, les Indiens formaient jusque-là le premier continent de touristes étrangers sur les plages maldiviennes. Ils sont depuis descendus à la cinquième place du classement des visiteurs internationaux.
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