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Malaisie: le gouvernement ordonne à Meta et TikTok de lutter contre les messages «préjudiciables»

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La Malaisie vient de demander à Meta, la maison mère de Facebook, et TikTok de lutter contre les contenus dits « préjudiciables », dans un contexte marqué par diverses polémiques religieuses. Les deux entreprises ont notamment assisté à une réunion la semaine dernière avec le ministre malaisien des Communications.

Le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, lors d'une conférence de presse en Allemagne, le 11 mars 2024.
Le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, lors d'une conférence de presse en Allemagne, le 11 mars 2024. © Ebrahim Noroozi / AP
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De notre correspondante en Malaisie,

Derrière ces discussions avec Meta et TikTok, le gouvernement malaisien assure se montrer « soucieux » vis-à-vis de messages qu’il juge problématiques, il a même demandé aux deux groupes de présenter des plans pour lutter contre ces fameux messages « préjudiciables ».

Il s’agit de contenus en lien avec les « 3 R », si l’on suit l’expression utilisée par les Malaisiens, c'est-à-dire liés « à la race, à la religion et à la royauté ». Tous sont des sujets sensibles dans cette monarchie fédérale parlementaire. Pour rappel, en Malaisie, la religion peut apparaître sur certains papiers d’identité et les autorités et administrations utilisent aussi le mot « race » pour distinguer les communautés formant la population. Ce terme est même intégré dans la Constitution malaisienne.

Dans le pays, les Malaisiens sont séparés en trois communautés principales. D’abord les Malais, de confession musulmane, appelés aussi les Bumiputras – qui signifie « les fils de la terre » – autrement dit, les populations natives. Ils représentent plus de 60% de la population. La deuxième communauté est celle des Malaisiens chinois, puis des Malaisiens indiens.

50 000 messages jugés problématiques

Les messages offensants, liés aux « 3 R » seraient donc plus nombreux qu’auparavant en ligne, si l’on en croit le gouvernement malaisien. Celui-ci parle de 50 000 cas sur divers réseaux sociaux, notamment Facebook et TikTok, au cours du premier trimestre 2024. À titre de comparaison, le nombre de cas pour l’intégralité de l'année 2023 était d'environ 43 000, selon les autorités.

Cependant, des critiques affirment que le Premier ministre Anwar Ibrahim, arrivé au pouvoir en 2022, élargit la censure et que son administration est sur une pente glissante vers une perte des libertés, dont l’objectif serait d’apaiser un bloc de conservateurs qui s’est tourné vers l’opposition.

Précédemment, le gouvernement malaisien a également été critiqué pour avoir tenté de contrôler le contenu des concerts, de films… Maintenant, ce sont donc les réseaux sociaux. Mais de son côté, l’État nie ces accusations.

Il faut également souligner que l'administration d'Anwar Ibrahim connaît des tensions croissantes en lien avec des controverses religieuses. Récemment, une énorme polémique a éclaté sur la vente de chaussettes brodées avec le mot « Allah ». Des cocktails Molotov ont été lancés sur trois points de vente de ces chaussettes. La police a aussi saisi plus de 1 000 paires de chaussures dont le logo semblait ressembler au mot « Allah ». En réponse, le roi de Malaisie a demandé aux dirigeants de « combler les différences religieuses au lieu d’aggraver la division ».

Avec cette demande de contrôle des messages en ligne en lien avec les fameux « 3 R », le gouvernement assure vouloir garantir le droit d'expression des Malaisiens, le tout en garantissant une utilisation d'internet « harmonieuse et sûre pour tous ». Pas sûr que cette explication soit suffisante pour calmer les critiques.

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