Alternance politique aux Maldives: le sacre du président Mohammed Muizzu
Publié le :
Dans les Îles Maldives, cet archipel d’Asie du Sud, situé près de l’Inde, le parti du nouveau président vient de remporter une large majorité au Parlement, lors des élections législatives du dimanche 21 avril. Mohammed Muizzu a ainsi les coudées franches pour mettre en place sa politique de réalignement avec la Chine et pour lancer les grands travaux promis. C’est donc un retournement politique majeur ?
Avec notre envoyé spécial aux Maldives, Sébastien Farcis
Le parti du président, le PNC, a remporté dimanche les deux tiers des sièges du Parlement, qui était jusque-là contrôlé par l’opposition – et cela accélère le tournant opéré avec l’élection de ce président, Mohammed Muizzu en septembre dernier.
Ce dernier applique une politique nationaliste et opposée à l’influence stratégique de l’Inde, son voisin le plus proche – il a ainsi ordonné le départ de 89 militaires indiens postés dans l’archipel pour des missions de cartographie et de protection des frontières maritimes. Et d’ici, le 10 mai prochain, ces militaires seront remplacés par des civils indiens.
À lire aussiLes Maldives au cœur de luttes d'influence
Le président s’est en même temps rapproché de la Chine, où il s’est rendu juste après sa prise de fonction, et avec qui il a signé de nombreux accords. Sa majorité au Parlement lui permettra d’accélérer les réformes, surtout dans le domaine du logement.
À lire aussiPourquoi les Maldives s’offrent à la Chine
L’une des attentes principales des Maldiviens
C’est la première requête formulée par les électeurs que nous avons rencontrés ces derniers jours, surtout à Malé, la capitale du pays, qui est l’une des villes les plus densément peuplées du monde.
Plusieurs générations vivent dans de petits appartements par manque de logement, et l'exode rural se poursuit, depuis les autres îles, pour trouver un emploi qualifié à Malé. Plus de 200 000 personnes vivent aujourd’hui sur cette petite île de 2,2 km. Pour loger plus d’habitants, le gouvernement ne cesse de récupérer des terres sur la mer, par des travaux de remblaiement.
Le président Muizzu, lui, jouit de la confiance de la population en la matière car il a longtemps été ministre de la Construction ; il a lancé un projet gigantesque, au sud de la capitale, pour lequel il a signé un contrat avec une entreprise chinoise. Il est même question d’y construire un tunnel sous-marin, ce qui coûterait très cher et pourrait endetter dangereusement les Maldives.
Ces travaux ont aussi un coût environnemental
Les Maldives sont un archipel d’îles formées de récifs coralliens. Or, pour faire émerger ces nouvelles terres, il faut récupérer du sable au fond de la mer pour le placer dans les lagons moins profonds. Des travaux gigantesques, menés à coup de pelleteuses, qui détruisent une grande partie de cet environnement marin. Les coraux des zones remblayées sont enfouis sous le sable, et ceux situés plus loin se retrouvent étouffés par le sable en suspension.
Les coraux souffrent déjà. Ces dernières semaines, des pans entiers ont blanchi à cause du réchauffement actuel de l’océan Indien. Et ces travaux pourraient empirer la situation. Or sans les coraux, c’est un quart de la vie aquatique qui disparaitra, et donc l’essentiel de l’économie des Maldives, qui dépend du tourisme et de la pêche.
À lire aussiLa survie des récifs de coraux menacée par un nouveau blanchissement massif
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne