Escroqueries en ligne: la Thaïlande intensifie ses actions contre les réseaux criminels frontaliers
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La Thaïlande va recevoir 10 000 ressortissants étrangers détenus dans des centres de cyber-arnaque en Birmanie voisine. Les autorités du royaume intensifient leurs actions pour freiner ces activités criminelles près de la frontière thaïlandaise. Décryptage.
De notre correspondant à Bangkok
Ces centres d’escroqueries en ligne en Birmanie font-ils les gros titres en Thaïlande
Oui, hier le sujet a encore fait la Une du Bangkok Post, qui a titré « Effort massif pour sauver 10 000 personnes ». C’est, selon les estimations de la police thaïe, le nombre de ressortissants étrangers victimes de traite humaine qui seront bientôt libérés de ces complexes résidentiels contrôlés par des groupes criminels, de l’autre côté de la frontière, en Birmanie.
Le week-end dernier, les télés locales ont diffusé en boucle la libération de 260 cyber-esclaves d’un centre d’arnaques en ligne, remis à la Thaïlande par une milice birmane. Originaires de 20 pays différents, ce sont des Asiatiques : Chinois, Malaisiens, Sri lankais, Laotiens, et une majorité d’Africains, venus d’Éthiopie, de Tanzanie ou du Kenya. La plupart ayant été bernés par une offre d’emploi factice avant d’être séquestrés et contraints de jouer les cyber-escrocs.
La répression contre ces réseaux criminels transnationaux s’intensifie
La planète commence à prendre la mesure de cette industrie criminelle globale, « la plus dangereuse du monde », selon la récente Une du magazine The Economist. Une industrie qui brasse des milliards chaque année, fait des victimes aux quatre coins du globe, et dont l’épicentre est l’Asie du Sud-Est.
Tentaculaires, ces réseaux mafieux tortionnaires aux méthodes sophistiquées se sont développés après le Covid, particulièrement au Laos, au Cambodge et puis en Birmanie, depuis le coup d’État de 2021, où ils ont prospéré avec la connivence de la dictature militaire.
Aujourd’hui, le gouvernement thaïlandais considère ces activités criminelles près de sa frontière comme une « menace » à sa sécurité nationale et multiplie donc les points de contrôles, arrestations et opérations conjointes avec Pékin.
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La Chine demande à la Thaïlande de maintenir la coupure d’électricité aux villes birmanes abritant des centres d'arnaques
La Chine, inquiète, met la pression sur la Thaïlande et la junte birmane, pour enrayer ces activités criminelles qui nuisent à ses intérêts. Ces derniers jours, une délégation chinoise a rencontré des dirigeants birmans et thaïlandais en vue du rapatriement de milliers de ressortissants chinois, victimes ou escrocs, et pour mener conjointement la répression contre ces entreprises criminelles dirigées par des triades chinoises.
La Thaïlande, de son côté, cherche à rassurer les touristes chinois, dont des milliers ont dernièrement annulé leurs vacances en Thaïlande, craignant pour leur sécurité. En janvier, l’histoire d’un acteur chinois, dupé par une fausse annonce de casting en Thaïlande, a fait grand bruit : kidnappé à son arrivée, il s’était retrouvé en Birmanie dans un centre d’arnaque avant d’être libéré sous la pression de Bangkok.
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