Les dernières mesures chinoises vont-elles suffire à relancer l'économie?

Le Conseil d'État chinois a dévoilé ce qu'il a appelé un « plan d'action spécial » pour stimuler la consommation intérieure. Cela intervient alors que les niveaux de la demande de consommation en Chine ont subi plusieurs revers ces dernières années, en raison de facteurs tels que les perturbations liées au Covid-19 et un effondrement prolongé du marché de l'immobilier, ce qui a refroidi la propension des ménages à dépenser. 

Vue aérienne du centre de Pékin, en Chine, le mercredi 17 juillet 2024. © Vincent Thian / AP

De notre correspondante à Pékin,

L’économie chinoise traverse une période délicate. Entre ralentissement interne et menaces de guerre commerciale avec les mesures de Donald Trump, Pékin veut réagir, dans un contexte géopolitique volatil. 

Son plan d’action ? Une feuille de route en 30 points pour stimuler la consommation intérieure et réduire la dépendance aux exportations. Parmi les mesures : l’augmentation des revenus des ménages, mais aussi un système de subventions pour la garde d’enfants. Pékin mise aussi sur le levier du crédit, en demandant aux banques de faciliter le financement des consommateurs et d’encourager l’usage des cartes bancaires pour inciter à la dépense. Autre axe clé : la santé et les retraites. L’idée est de réduire les incertitudes pour débloquer la consommation.

Enfin, le gouvernement veut miser sur les marchés émergents. L’intelligence artificielle, le tourisme hivernal : autant de secteurs que Pékin espère voir dynamiser l’économie.

Est-ce suffisant pour relancer l’économie ?  

S’il peut stabiliser certains secteurs, il ne déclenchera pas une reprise complète. La raison principale ? Une confiance des ménages en berne.

Pourtant, Pékin joue gros. Xi Jinping vise une croissance de 5 % cette année, et la relance de la consommation est une priorité absolue. Il espère que la hausse des dépenses intérieures pourra compenser l’impact des droits de douane américains sur les exportations chinoises. Mais les ménages privilégient l’épargne. En cause, la peur du chômage, une économie incertaine, et une jeunesse en difficulté sur le marché du travail. Le secteur immobilier, lui, est en crise. Il représente près de 30 % du PIB chinois, et malgré les interventions du gouvernement, la confiance des acheteurs reste au plus bas.

Autre poids sur l’économie : la dette des collectivités locales. Un fardeau qui limite la capacité des provinces à financer des projets et à soutenir la croissance. Ajoutez à cela des exportations en recul et une pression commerciale persistante, et la conclusion s’impose : ces mesures de relance sont trop ciblées pour suffire à inverser la tendance.

Réformes plus profondes nécessaires

Le plan chinois mise sur des subventions ciblées pour certains secteurs, comme l’automobile, l’électroménager ou l’intelligence artificielle. Mais il ne met pas d’argent directement entre les mains des consommateurs. 

Quelles alternatives ? Pour les experts, une relance efficace passerait par des aides directes aux ménages, un soutien plus agressif au secteur immobilier, ou encore des mesures en faveur des petites entreprises pour encourager l’embauche et la hausse des salaires. L’enjeu : passer d’un modèle de croissance basé sur l’investissement à un modèle tiré par la consommation.

Ce plan peut stabiliser l’économie à court terme, mais il ne réglera pas les problèmes structurels qui pèsent sur la Chine. Une reprise durable nécessitera certainement des réformes plus profondes, et pas seulement des mesures de relance ponctuelles.

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