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Législatives en Australie: l’ombre de Donald Trump plane sur le vote

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A l’image du Canada, l’ombre du président américain plane sur les législatives en Australie. Ce samedi, 18 millions électeurs australiens élisent leur parlement, et contre toute attente, le Premier ministre sortant de gauche Anthony Albanese caracole en tête des sondages, bien devant son rival libéral Peter Dutton. Les 100 premiers jours de Donald Trump n’y sont pas pour rien.

Des personnes font la queue pour voter devant un bureau de vote à Sydney, en Australie, le 29 avril 2025.
Des personnes font la queue pour voter devant un bureau de vote à Sydney, en Australie, le 29 avril 2025. REUTERS - Hollie Adams
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Quelque 48% des électeurs se disent aujourd’hui préoccupé par « l’incertitude » provoquée par Donald Trump, dans un sondage publié ce jeudi 1er mai, à seulement deux jours du vote. Une tendance confirmée par l’Institut Lowy, qui avait déjà constaté ce mois-ci que seul un Australien sur trois faisait encore confiance aux États-Unis. Du jamais vu depuis vingt ans.

« Il y a clairement une inquiétude, constate David Camroux, chercheur honoraire au CERI (Centre d’études internationales de Sciences-Po), sous Biden, 70% des Australiens pensaient encore que les États-Unis étaient un allié fiable, tandis qu’avec Trump, il ne reste que 30% qui ont une image positive de Donald Trump et des États-Unis, c’est donc un revirement assez important. »

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Alors, l’allié traditionnel est-il encore « le meilleur ami » sur lequel on peut compter ? Et qui des candidats défendra mieux les intérêts australiens ?  Ces questions vont influencer le choix des électeurs.

Les agriculteurs sont inquiets des droits de douane sur le bœuf

Les cent premiers jours du président américain Donald Trump à la Maison Blanche n’ont guère rassuré les Australiens, bien au contraire, ce qui pourrait bien créer un « effet Trump » dans les urnes. Il y a d’abord la crainte d’une guerre commerciale avec des droits de douane de 10 % imposés sur tous les produits australiens exportés vers les États-Unis. Donald Trump a notamment pointé du doigt le bœuf australien, ce qui inquiète bien sûr les agriculteurs.

L’instabilité financière mondiale a aussi de quoi inquiéter, car les fonds de pensions qui financent les retraites des Australiens pourraient être impactés. Une troisième question qui préoccupe les électeurs est celle de la sécurité nationale. Face à la menace chinoise dans la région, les Australiens se demandent s’ils peuvent encore compter sur la protection assurée par l’allié américain depuis plus de huit décennies.

L’Australie doute notamment du pacte militaire scellé il y a trois ans avec Washington et Londres, le fameux accord AUKUS censé freiner l’expansionnisme chinois dans le Pacifique, et pour lequel l’Australie avait annulé un méga-contrat avec la France. L’administration Trump va-t-elle livrer cette flotte de huit sous-marins à propulsion nucléaire ? L’Australie a déjà payé une première tranche de la commande, soit 500 millions de dollars. Mais les spéculations vont bon train sur ces sous-marins promis et qui pourraient bien ne jamais arriver. « Les Australiens se rendent de plus en plus compte que les États-Unis n’ont pas la capacité de tenir leur promesse de fournir ces sous-marins », estime le chercheur David Camroux.

Anthony Albanese surfe habilement sur le sentiment anti-Trump

Le Premier ministre sortant Anthony Albanese a surfé habilement sur le sentiment anti-Trump. Il a brandi la menace d’un gouvernement conservateur qui plongerait le pays dans le « chaos ». Son rival Peter Dutton, du parti libéral, passe en effet pour un « mini-Trump ». Comme lui, il a promis de supprimer des milliers d’emplois dans la fonction publique pour rendre l’administration plus efficace, ce qui passe mal auprès des électeurs. Sur sa proposition de mettre fin à la possibilité pour les fonctionnaires de télétravailler, il a déjà dû faire marche arrière. 

Les travaillistes espèrent donc rafler la mise grâce aussi à l’« effet Trump », à l’image de ce qui vient de se passer au Canada. La plupart des derniers sondages donnent le parti d’Anthony Albanese en tête. Il pourrait toutefois avoir besoin du soutien de députés indépendants pour former un gouvernement.

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