Des ambitions articulées autour de sa stratégie de « route de la soie polaire », lancée en 2018. Mais la dépendance croissante de Pékin vis-à-vis de Moscou pour accéder au Grand Nord pourrait bien devenir un piège. Car si les relations entre les États-Unis et la Russie se réchauffent, en particulier avec le retour de Donald Trump, la Chine risque tout simplement d’être écartée des grandes affaires arctiques.
Avec notre correspondante à Beijing, Cléa Broadhurst
La Chine veut intégrer l’Arctique dans son projet des Nouvelles Routes de la Soie, avec une « Route de la soie polaire » qui passerait par le nord de la Russie. L’objectif : réduire les temps de transit entre l’Asie et l’Europe, tout en sécurisant l’accès à d’importantes ressources naturelles, comme le gaz et le pétrole, l'Arctique en est riche, environ 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non découverts dans le monde.
Elle a investi dans des projets comme le Yamal LNG en Russie, et montré de l’intérêt pour les gisements du Groenland.
L'exploration scientifique est la pierre angulaire de la stratégie arctique de la Chine. Pékin mène des expéditions, dispose d’une station de recherche au Svalbard, et construit une flotte de brise-glaces de plus en plus puissante, y compris un navire à propulsion nucléaire en préparation.
L’idée, c’est de mieux comprendre les changements climatiques et de renforcer ses capacités logistiques dans la région.
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Intérêts militaires ?
Officiellement, la Chine insiste sur le développement pacifique et que ses intérêts ne sont pas militaires. Mais plusieurs experts s’inquiètent du caractère à double usage de ses activités.
Les stations de recherche ou les navires scientifiques pourraient, en théorie, appuyer des opérations militaires, notamment sous-marines ou sous glace. Pékin a d’ailleurs mené des patrouilles communes avec la Russie dans l’Arctique, ce qui alimente les craintes des pays de l’Otan.
Par ailleurs, la Chine est depuis 2013 observatrice au Conseil de l’Arctique, où elle milite pour une gouvernance plus ouverte, incluant les pays non-arctiques.
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Si l’on résume : ses intérêts sont vastes et variés, avec objectif long terme l’expansion de sa présence mondiale et la sécurisation des ressources et des routes commerciales essentielles à son développement
Un axe Moscou-Washington inquiétant pour Pékin
Un rapprochement Moscou-Washington pourrait inquiéter Pékin. Car malgré une alliance politique et énergétique renforcée, la Chine et la Russie n’ont pas la même vision de l’Arctique. Pékin défend le multilatéralisme, une gestion partagée, là où Moscou insiste sur la souveraineté et le contrôle national. La coopération reste donc limitée à quelques projets énergétiques.
Mais surtout, si les États-Unis et la Russie signaient un accord sur l’Arctique, ils pourraient tout simplement écarter la Chine des grandes décisions économiques et stratégiques. Et avec Donald Trump à la Maison Blanche, l’approche pourrait être très exclusive, transactionnelle, et peu favorable à Pékin.
La Chine, elle, cherche à préserver ses relations avec les autres puissances arctiques comme la Norvège ou l’Islande, mais ces dernières se montrent de plus en plus méfiantes. Donc le partenariat Chine-Russie dans l’Arctique reste fragile, et la Chine avance prudemment, en attendant de voir comment la situation évolue.
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