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Aux Philippines, les élections de mi-mandat sont un coup dur pour le président

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Aux Philippines, les premiers résultats officiels des élections de mi-mandat commencent à tomber. Ces scrutins, qui interviennent tous les trois ans, à mi-chemin de la présidentielle, sont très importantes pour le pays. Notamment cette année, alors que les deux dynasties les plus puissantes de l’archipel, autrefois alliées, se déchirent. Décryptage en trois questions.

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr s'exprime lors d'un rassemblement de campagne des candidats sénateurs de son parti à Mandaluyong, dans la région métropolitaine de Manille, le 9 mai 2025, avant les élections de mi-mandat.
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr s'exprime lors d'un rassemblement de campagne des candidats sénateurs de son parti à Mandaluyong, dans la région métropolitaine de Manille, le 9 mai 2025, avant les élections de mi-mandat. © AFP - JAM STA ROSA
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De notre correspondante aux Philippines,

Pour qui ont voté les Philippins ce lundi 12 mai ?

Les Philippins se sont rendus aux urnes ce 12 mai pour élire plusieurs candidats à différents niveaux politiques. La plupart des mandats dans le pays ont été renouvelés, sauf celui du président. Ils ont ainsi voté pour des gouverneurs locaux, des maires, mais aussi pour les membres de la Chambre des représentants, et enfin pour la moitié des sièges au Sénat.

Les résultats sont très intéressants car ils sont assez inattendus. Il y a en effet une forte différence par rapport aux sondages. La popularité de l’actuel président, Ferdinand Marcos Junior, semble clairement être en baisse, alors que ses rivaux, les Duterte, eux, semblent plutôt renaître de leurs cendres. Rodrigo Duterte, l’ancien président, actuellement détenu à La Haye dans l’attente de son procès pour crimes contre l’humanité, a été élu maire de Davao, la deuxième plus grande ville du pays. Ce n’est pas une grande surprise car c’est vraiment le fief des Duterte.

Plus important : dans les douze sièges du Sénat qui étaient remis en jeu, quatre des candidats élus font partie du camp Duterte. L’ancien assistant présidentiel de Rodrigo Duterte arrive en tête de la course, il y a aussi, en troisième position, le très controversé Bato de la Rosa, l’ancien chef de la police sous Duterte, connu pour avoir été le bras droit du président dans sa guerre sanglante contre la drogue…

Qu’est-ce que cela signifie pour la présidentielle à venir, dans trois ans ?

Premier enseignement : les Duterte n’ont pas perdu en crédibilité aux yeux de beaucoup de Philippins, malgré les scandales de ces derniers mois. Mais surtout, d’un point de vue pratique, cette forte présence de leur camp au Sénat permettra peut-être de sauver la fille de Duterte, Sara, actuellement vice-présidente. Depuis quelques mois, elle est sérieusement menacée de destitution pour détournement de fonds, mais aussi pour menaces de mort contre son rival, le président Marcos. Or, les douze sénateurs qui viennent d’être élus seront jurés, dans quelques semaines, à son procès en destitution.

Sara Duterte représente l’avenir de sa dynastie. Pour des raisons constitutionnelles, son père ne pourra pas se représenter aux prochaines élections présidentielles. Et si elle est destituée de son poste de vice-présidente, elle ne sera pas éligible non plus. En ayant quelques alliés au Sénat, elle se retrouve donc en meilleure position.

Des partis d’opposition se sont-ils démarqués ?

Les partis d'opposition se sont démarqués de manière assez surprenante. Parmi les douze sénateurs élus, deux d’entre eux sont des candidats indépendants. Ce sont des démocrates plutôt progressistes, qu’on peut qualifier de centre gauche. Ces deux libéraux pourraient donc bien avoir un rôle à jouer dans le procès en destitution de Sara Duterte.

Mais surtout, leur succès indique que beaucoup de Philippins croient en une alternative aux camps Duterte et Marcos. Les candidats ont été soutenus par Leni Robredo, une ancienne candidate à la présidentielle en 2022, principale rivale de Marcos. En trois ans, encore beaucoup de choses peuvent se passer, mais la tendance est plutôt de marquer une rupture avec la politique du président.

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