Taïwan: retour sur une année au pouvoir du président Lai Qing De
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À Taïwan, cela fait un an jour pour jour que le président Lai Qing De est entré en fonction. Retour sur une année au pouvoir marquée par une montée de l’incertitude alors que les États-Unis sont devenus un allié imprévisible et que la Chine multiplie les menaces et les exercices militaires autour de l’île. Mais la situation politique intérieure est également très conflictuelle. Ces douze derniers mois ont été difficiles pour le président taïwanais ? Décryptage

Avec notre correspondant à Taipei, Jules Bois
Pour rappel Lai Qing De a remporté l’élection présidentielle en janvier 2024 avec 40 % des votes et à la tête du DPP, le Parti démocrate progressiste, connu pour ses positions libérales et en faveur d’une souveraineté taïwanaise autonome de la Chine. Problème : son parti n’a pas remporté la majorité au Parlement, détenue par le KMT, le principal parti d’opposition plus conservateur et favorable à un rapprochement avec la Chine. Et depuis un an le Parlement est source d’énormément de tensions politiques à Taïwan avec des procédures de destitution de parlementaires pour tenter de regagner la majorité. Les manifestations de partisans du DPP et du KMT sont devenues courantes ces derniers mois et le président taïwanais fait donc face à une situation politique beaucoup plus houleuse que sa prédécesseure Tsai Ing-Wen.
Et l’annonce en avril dernier de la mise en place de nouveaux tarifs douaniers à Taïwan par l’administration Trump a également mis en difficulté le président taïwanais ?
Tout à fait, l’annonce particulièrement sévère de 34 % de tarifs a été considérée dans l’opinion publique taïwanaise comme un échec de la part du gouvernement. La faute, notamment, a une communication très positive lors des négociations à Washington : le président taïwanais et son entourage n’avaient cessé de répéter que les négociations se passaient bien et que Taïwan allait pouvoir tirer son épingle du jeu. Mais récemment la mise en pause des tarifs douaniers et la reprise des négociations lui permet de rester encore ambigu sur le succès de sa stratégie de négociations avec l’administration américaine.
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Le président est régulièrement accusé d’être un « provocateur » n’est-ce pas ?
Absolument, cette étiquette de « provocateur » le suit depuis le début de son mandat : beaucoup à Taïwan et notamment, le KMT lui reproche sa politique d’opposition ferme à Pékin et l’accuse de jeter de l’huile sur le feu quand il vaudrait mieux faire profil bas. Ils en voudraient par exemple pour preuve l’augmentation du nombre d’exercices militaires d’ampleur menés par Pékin depuis l’arrivée de Lai Qing De au pouvoir. Et effectivement, ces douze derniers mois, la Chine a fait coïncider tous ses plus importants exercices militaires avec le calendrier présidentiel. Discours d’investiture en mai dernier, célébration de la fête nationale, tournée diplomatique dans les îles du Pacifique ou encore la mise en place de mesures anti-espionnage, presque tous les faits et gestes du président taïwanais ont été accompagnés d’exercices militaires chinois dans le détroit de Taïwan.
Mais ce narratif d’un Lai Qing De provocateur et d’une Chine qui serait contrainte de répliquer est surtout mis en avant par Pékin qui y voit une opportunité pour justifier son escalade militaire unilatérale dans le détroit de Taïwan. En réalité, la Chine suit son propre agenda, mais espère que les tensions internes à Taïwan d’opposition à Lai Qing De puissent jouer en sa faveur.
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