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Qui pour gouverner le Japon?

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Le Parti libéral-démocrate, au pouvoir presque sans discontinuer au Japon depuis 1955, désigne, ce samedi 4 octobre, son nouveau président. La personne qui l’emportera aura la lourde tâche de prendre la tête d’un gouvernement minoritaire à l’Assemblée, dans un contexte difficile. RFI fait le tour des favoris.

Les candidats à la direction du Parti libéral-démocrate (PLD) assistent au débat électoral au Club national de la presse japonaise à Tokyo, le mercredi 24 septembre 2025.
Les candidats à la direction du Parti libéral-démocrate (PLD) assistent au débat électoral au Club national de la presse japonaise à Tokyo, le mercredi 24 septembre 2025. © Jia Haocheng/Pool Photo via AP
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Rupture générationnelle, rupture de genre ou continuité. Les cinq candidats à la présidence du Parti libéral-démocrate proposent des directions différentes, et les deux favoris incarnent une forme de rupture.

À 44 ans, Shinjiro Koizumi, actuel ministre de l’Agriculture et fils d’un ancien Premier ministre, pourrait devenir le plus jeune chef de gouvernement du Japon après-guerre. Il est particulièrement populaire auprès des militants du parti et appelle à des réformes. Face à lui, une femme d’expérience, la très droitière Sanae Takaichi. À 64 ans, celle qui pourrait devenir la Première femme à diriger le gouvernement du Japon défend une ligne conservatrice et nationaliste, plutôt populaire au sein du grand public. Un autre candidat pourrait créer la surprise : Yoshimasa Hayashi. Porte-parole du gouvernement, il prône la continuité.

Surfeur télégénique

Le fils de Junichiro Koizumi (Premier ministre du Japon de 2001 à 2006) fait figure de favori. Très médiatique, il a en partie abandonné certaines réformes, notamment sociétales, qui l’avaient mis sous les projecteurs. En tant que ministre, il a pris deux semaines de congé paternité, une rareté au Parlement. Sa gestion de la crise du riz, en tant que ministre de l’Agriculture, a en partie apaisé l’inquiétude de la population en libérant les réserves gouvernementales. Il affirme vouloir augmenter les salaires d’un million de yens (5700 euros) d’ici 2030, alors qu’ils stagnent depuis des années. Père de deux enfants, Shinjiro Koizumi se rend aussi régulièrement au très controversé sanctuaire de Yasukuni. Ce lieu rend hommage aux morts des guerres du Japon, mais aussi à des criminels de guerre. Des visites qui provoquent l’ire de Pékin et surtout de Séoul, deux pays largement victimes des crimes de l’empire japonais.

Ultra-nationaliste

Un sanctuaire que Sanae Takaichi connaît bien, elle qui s’y rend fréquemment. À 64 ans, la protégée de Shinzo Abe, son mentor en politique, dit aussi admirer Margaret Thatcher. Ultra-nationaliste, ouvertement anti-chinoise, elle espère séduire en passant par la droite. Une ligne qui gagne en popularité, à l’image de la montée du parti d’extrême droite Sanseito dans les sondages. Les messages anti-immigration de cette formation séduisent de nombreux Japonais. Takaichi joue sur le sentiment nationaliste de certains habitants, désabusés par les incivilités des touristes ou par l’arrivée de travailleurs étrangers, en hausse ces dernières années. Elle promet d’augmenter le nombre de fonctionnaires travaillant sur l’immigration pour vérifier qu’aucun migrant économique n’obtienne le statut de réfugié. En 2024, le Japon, pays de 124 millions d’habitants, n’a accordé le statut de réfugié qu’à 190 personnes.

Yoshimasa Hayashi, troisième dans les enquêtes d’opinion, créerait la surprise s’il parvenait à doubler les deux favoris. À 64 ans, cet habitué des ministères, actuel porte-parole du gouvernement, veut s’inspirer du système britannique d’Universal Credit pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages. Diplômé de Harvard, il fut le bras droit des deux derniers Premiers ministres et prône la continuité. Malgré une image de probité — précieuse dans un parti éclaboussé par les scandales — il ne déchaîne pas l’enthousiasme des électeurs à l’échelle nationale.

Quel que soit le nom du nouveau dirigeant du Parti libéral-démocrate, il ou elle devra faire face à de nombreux défis : l’inquiétude de la population face à l’immigration, pourtant vitale pour l’économie japonaise dans un contexte de baisse de la natalité ; la flambée des prix du riz, dont la production est extrêmement régulée par le gouvernement ; un contexte géopolitique préoccupant en Asie avec la montée en puissance de la Russie et les bonnes relations apparentes entre Pyongyang, Pékin et Moscou. À cela s’ajoute une crise interne au sein d’un parti miné par les scandales de corruption à répétition.

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