Reprise des vols Inde-Chine: jusqu'où les deux puissances d'Asie peuvent se rapprocher ?
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La Chine et l'Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, les deux plus grandes puissances rivales d’Asie reprennent leurs échanges après des années de rupture diplomatique. Décryptage

Avec notre correspondant en Inde, Côme Bastin
Depuis ce vendredi 3 octobre, les citoyens indiens et chinois peuvent à nouveau réserver des vols entre les deux pays. Il n'existe pas encore de vols directs entre les deux capitales Delhi et Pékin. Pour l’instant, il s’agit d’une unique liaison quotidienne entre Calcutta, la grande ville de l’est de l’Inde, et Canton, une ville industrielle très importante en Chine.
Les vols débuteront le 26 octobre entre ces deux métropoles côtières, séparées de 2 500 kilomètres. Selon la compagnie aérienne Indigo qui les opère, d’autres liaisons devraient être validés prochainement. C’est donc une reprise prudente, et elle est très symbolique. Voilà cinq ans qu’aucun vol n’avait lieu alors que plus d’un million de passagers voyageaient entre l’Inde et la Chine en 2019.
Pourquoi cette rupture si longue ?
Les vols sont stoppés lors de la pandémie de Covid-19, mais c’est une escarmouche militaire entre les deux puissances nucléaires qui les a figés. L’Inde et la Chine contestent leur frontière dans l’Himalaya. En juin 2020, au moins 20 soldats indiens sont morts en affrontant une patrouille chinoise, menant à la rupture diplomatique. Depuis un an, des pourparlers ont fait redescendre la tension. Des deux côtés, on parle de passer de la confrontation à la coopération. Les menaces commerciales du président américain Donald Trump ont accéléré ce rapprochement. En septembre, le Premier ministre Indien Narendra Modi s’est affiché avec le président Chinois lors d’un sommet à Shanghai, c’était impensable il y a peu.
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Jusqu'où peut aller ce rapprochement ?
Il y a une part de mise en scène. Le président américain a infligé 50 % de droits de douanes à l'Inde et s’en prend désormais à sa diaspora. L’Inde menace en quelque sorte Donald Trump de se tourner vers la Chine, son ennemi numéro un. Cependant, la première destination des exportations indiennes, ce sont les États-Unis. À l’inverse, l’Inde importe énormément de Chine et n’a pas de marché à y trouver à court terme. Il y a aussi du pragmatisme. L’Inde a besoin des terres rares et de la technologie de son voisin. La semaine dernière, les industriels du charbon en Inde ont réclamé plus d'importations d’équipements chinois. Pékin a suggéré que New Delhi rejoigne le RCEP, un vaste accord de libre échange en Asie. L’Inde va naviguer prudemment en observant la réaction des États-Unis.
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