La retenue du geste, de la chaleur des mains et du souffle de Céline Blondel
Publié le :
RFI poursuit sa série dédiée aux artisans d’art du château de Versailles. Céline Blondel est restauratrice de bois dorés au château de Versailles. Dans son atelier avec vue sur le château, on restaure des objets d’art de différentes époques. Ici, on dégraisse le bois pour un nettoyage afin de visualiser l’étendue du travail de restauration à effectuer. Elle utilise des produits naturels d’origine animale ou végétale et travaille à la chaleur des mains et au souffle.

Il faut avoir un geste franc et mesuré. C’est cela qui est difficile, la pose de la feuille d’or donne l’impression que c’est tout doux mais non, c’est beaucoup de tensions dans les épaules, les mains, la retenue du geste.
Pour Céline Blondel, l’école, ce n’était pas la joie. À 17 ans, elle s’oriente vers un CAP doreur à la feuille ornemaniste, en alternance chez un artisan spécialisé dans les encadrements modernes, dorures neuves, imitation ancienne à la façon XIXe siècle. S’ensuit le musée du Louvre où elle travaille pendant 18 ans à la restauration de bois dorés.

Diffuser la connaissance
C’est en 2012 qu’elle arrive au château de Versailles, d’abord seule puis rejointe par une apprentie. D’autres apprentis suivent, d’où une vision différente de son métier. « Je me suis engagée auprès de l’apprentissage plutôt que de prendre des stagiaires, parce que je voulais vraiment qu’il y ait ce temps d’apprentissage qui est long. Ici, les apprentis participent aux chantiers, aux expositions, ils entendent les discussions avec les conservateurs. Pourquoi nous réfléchissons, par exemple, à garder un éclat, à refaire une partie, c’est intéressant pour la réflexion quand ils auront plus de métier. Cela m’a réappris à parler de mon métier. »

« Tout ce que je faisais sans le verbaliser depuis des années, cela m’a permis de réfléchir à toutes nos problématiques de temps de séchage, de température, de couleur à mettre pour un encollage. Je trouve cela toujours intéressant de partager, d’échanger sur le métier, de voir l’évolution de chaque apprenti, avoir de leurs nouvelles après. C’est une belle relation qui se crée. »

« Nous avons des outils qui portent de jolis noms »
Au château de Versailles, les doreurs ont comme matière à restaurer, en plus des cadres, du mobilier. C’est une façon de travailler plus en volume : des salons, consoles, fauteuils ou lits. Et pour cela, le travail se fait avec des produits et outils traditionnels. « Ce qui me plaît aussi dans ce métier : travailler avec des produits comme la colle de peau de lapin ou le blanc de Meudon, nos deux produits phares, le fiel de bœuf. L’assiette qui est de l’argile mélangée à de la sanguine. Nous avons des outils qui portent de jolis noms, des fers à parer, ébauchoirs en buis et en métal aussi. »

« Le coussin à dorer est un bel objet. C’est plaisant de travailler avec de beaux matériaux. Le coussin à dorer, il est en peuplier avec un parchemin qui encadre la moitié pour éviter que les feuilles d’or ne s’envolent avec le vent. Nous posons les feuilles d’or sur le coussin à dorer et nous allons les travailler au couteau et au souffle. Nous allons les prendre avec une palette, les poser sur l’objet et appuyer avec un appuyeux pour qu’elles adhèrent bien à l’objet. »
Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur :
Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne