Paul Laroche, un étudiant qui croit en l'artisanat d'art au Mobilier national [9-9]
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La série estivale de 100% Création consacrée aux métiers d’art du Mobilier national, se termine avec Paul Laroche. Ce jeune talent de l’atelier-école, prépare la relève de ces artisans d’art. Le Mobilier national propose, aussi à travers son École des arts textiles, des formations complètes sanctionnées par des diplômes de l’Éducation nationale (CAP et BMA, brevet des métiers d’art).

Grâce à ces formations, les élèves acquièrent des compétences techniques en tissage : tapisserie de haute-lice, basse-lice, de savonnerie et en restauration de tapis et tapisserie. Cette formation longue et exigeante permet d’atteindre l’excellence dans ces métiers d’art, qui mêlent habileté manuelle, créativité et respect du patrimoine. Ce dernier épisode est consacré à Paul Laroche, étudiant BMA en basse-lice à l'École des arts textiles au Mobilier national. Un étudiant qui croit en l’avenir de l’artisanat.
Globalement, j'aime créer. Je ne fais plus du tout de textile maintenant à côté parce que je n'ai plus besoin de beaucoup créer pour ne pas le montrer. Quand je crée, c'est pour offrir des cadeaux.
« J’ai besoin de la création par cycle, explique Paul Laroche, étudiant BMA Haute-Lice. Il y a des moments où je ne vais rien faire pendant un mois et cela me va très bien. Il y a des moments où, j'ai envie de dessiner pendant une ou deux semaines, je ne vais faire que cela sur carnet, iPad. Dans un atelier, il y a de la productivité à avoir, une productivité que je ne suis pas obligé d'avoir dans ma création personnelle. »
Né à Villeneuve-Saint-Georges, près de Paris, Paul Laroche, dès son jeune âge, manifeste un attrait pour les arts, notamment le dessin, la gravure et la typographie. Après un baccalauréat littéraire (bac L), il obtient un master en design typographique. Une fois ses études terminées, il exerce dans une petite société d’événementiel comme directeur artistique. Son envie de se reconvertir dans une profession manuelle s’est renforcée pendant la pandémie du Covid-19. Il se tourne vers un métier manuel et artisanal, plus proche de ses passions pour le dessin, la gravure, le bois, et le textile, et il s’engage dans une formation au métier de licier en tapisserie à École des Arts textiles au Mobilier national.
« Je suis resté au chômage partiel plus longtemps que la moyenne des gens qui y sont restés pendant le Covid-19. J’ai eu le temps de réfléchir à ce que j'aimerais bien faire, parce que le métier de graphiste ne me plaisait plus. J'étais trop sur mon ordinateur, je ne retrouvais pas tout ce que je faisais à la main, que je faisais dans mes études : du dessin de lettres ou même juste de la peinture ou de la gravure. J'ai voulu retourner vers plus d’artisanal, plus de manuel. Je regardais aussi beaucoup tout ce qui était métiers du bois, parce que j'aime bien ce travail aussi, même à côté encore aujourd'hui. J'avais des amis qui étaient dans la formation. Je discute un peu avec eux. »

« Puis, j'ai fait les journées portes ouvertes. Je m'intéressais déjà au textile, je faisais de la broderie, j'avais vu plusieurs expos, des tapisseries, à la Galerie des Gobelins. C'est un milieu qui m'intéressait, mais c'était un peu opaque parce que, en soi, le Mobilier national, on connaît tout ce qui est collection de meubles, restauration, tout ça, mais pas forcément les ateliers de création. Quand j’ai su qu'il y avait aussi des ateliers de création. C'est cela qui m'a aussi intéressé. »

Pour sa candidature à la formation au métier de licier en tapisserie, Paul Laroche a préparé un dossier. « J'avais pas mal de linogravures, donc j'ai mis un peu de linogravure pour montrer que je maîtrisais mes mains, vu que c'était une formation textile. Je faisais un peu de broderie, donc je me suis mis à faire des pièces spécifiques pour les présenter. J’avais un petit métier de table chez moi, donc j'ai fait des échantillons de tapisseries et j'avais aussi montré des projets de typographie parce que je savais qu'il y avait quand même du dessin dans la formation. Dans le métier, plus tard, il faut avoir une main assez souple dans le trait de dessin, même quand on réalise des calques. Donc j'ai montré tout cela en dix minutes, j'ai distribué un peu à tout le monde tous mes échantillons au hasard. Le jury a posé des questions, mais j'avais bien préparé mes explications de techniques », raconte-t-il.

Paul Laroche a choisi la tapisserie de basse-lice, c’est-à-dire sur un métier horizontal : « Contrairement à la haute-lice qui est un métier vertical, la basse-lice est un métier horizontal avec la chaîne qui se croise directement et qui se décroise en activant les pédales qui sont en bas. Cela s'appelle basse-lice parce que les lices sont attirées par les pédales qui attirent la chaîne, les lices sont vers le bas, d’où le nom basse-lice. Quand on lice, les lices sont en haut au-dessus de la tête du licier. Nous avons juste à faire un coup sur deux sur la pédale pour croiser la chaîne, et ensuite la flûte passe dans les chaînes. Notre fils dans les chaînes, on appelle cela une passe en basse-lice. Pour faire notre tissage, on fait un coup sur deux de la pédale et après on gratte, on tasse, cela fait notre trame. »
Sa formation, d'une durée de quatre ans, a permis à Paul Laroche d'acquérir des savoir-faire techniques en tapisserie et de découvrir l'étendue de ce métier. Passionné par la technique du tissage, les couleurs et l'histoire de l'art appliquée au textile, Paul Laroche aime aussi la précision et la préparation rigoureuse que la tapisserie requiert, ainsi que le lien entre création et conservation patrimoniale : « Nous créons du patrimoine, mais nous le conservons en même temps, en conservant cette technique et en utilisant à peu près les mêmes outils qui étaient utilisés encore il y à cinq siècles. Adaptés et améliorés parce que maintenant, au Mobilier, nous ne sommes plus sur des métiers en bois, mais sur des métiers en fonte. Il y a tout ce côté patrimonial qui m'intéressait aussi. En entrant en création, j'étais plus intéressé par tout ce qui était création et moderne. La création d'aujourd'hui est le patrimoine de demain. »

À la fin de sa formation, Paul Laroche veut passer et obtenir le concours d'entrée dans la fonction publique afin d'intégrer la manufacture de Beauvais ou celle des Gobelins. À savoir le Mobilier national. « Nous avons des épreuves d'histoire de l'art écrites et orales, une épreuve technique, écrite et orale aussi et des épreuves de dessin. Nous allons dessiner des pièces des collections, donc mobilier ou décoration. Il y aura aussi une épreuve étude de rythme, un exercice classique de dessin, à partir d’une œuvre nous devons faire un croquis avec des contrastes de lumière, un autre avec les lignes de force ainsi qu’une explication détaillée. Ensuite, il y aura une épreuve de cinq semaines de tissage à partir d’un échantillon d'une tapisserie qui a été tissée aux Gobelins, échelle une. Nous devrons le reproduire en cinq semaines de manière assez libre entre guillemets, comme à l'atelier où nous choisissons la technique, les mélanges de couleurs, etc… Les couleurs sont imposées pour nous faciliter la tâche, mais assez libres. Cela reste assez sportif de finir un échantillon de 40 sur 40 en cinq semaines avec la pression du concours. Puis, après le concours, en fonction des besoins des ateliers, c'est forcément intégré vu que je suis en basse-lice à la manufacture de Beauvais, donc soit Beauvais Ville, soit Beauvais Paris. »
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