Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une : la réforme des retraites, le gouvernement passe en force

Publié le :

L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors de l'intervention d'Édouard Phliippe le 29 février 2020.
L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors de l'intervention d'Édouard Phliippe le 29 février 2020. Ludovic Marin / AFP
Publicité

Pour Libération, c’est une forme d’« échec ». « Une réforme pensée par des sociaux-démocrates. Mise en œuvre par des technos et des politiques de droite. Pour quel résultat ? Un fiasco politique, soupire Libération, qui se termine, provisoirement, par la décision prise samedi par le Premier ministre de dégainer le 49.3. La mutation radicale de dizaines de régimes de retraite vers un système universel par points aurait pu (dû ?) être l’incarnation du "en même temps" macronien. Soit un système plus redistributif avec des garanties pour les retraités les plus modestes d’une part, des incitations à "travailler plus longtemps" et la promesse (tant réclamée par le camp libéral et conservateur) d’en finir avec les régimes spéciaux de l’autre. Ce texte, présenté par les piliers de la majorité comme la "mère de toutes les batailles" de la macronie, devait signer la nouvelle méthode de l’exécutif, l’apogée de son "acte II" autoproclamé au sortir de la crise des gilets jaunes. Avec l’utilisation du 49.3, il sera difficile de convaincre que l’heure est désormais à l’écoute, pointe encore Libération. Même si la majorité aura beau jeu de rappeler les cent quinze heures de débat dans l’hémicycle qui s’affichent déjà au compteur. »

Le Figaro, lui, parle de « gâchis » : « La responsabilité de cette foire d’empoigne est, en partie, imputable au pouvoir exécutif. Qu’a-t-il fait depuis deux ans et demi qu’il prépare son projet ? Ambitieuse et séduisante sur le papier, cette réforme des retraites a accouché d’un travail de gribouille, s’exclame Le Figaro. Un texte mal ficelé, bancal, lacunaire, qui met toutes les professions, ou presque, dans la rue. Pire : personne ne sait comment sa mise en œuvre pourra être assurée. Une conférence de financement organisée à la hâte doit le dire, mais celle-ci vire aussi à la cacophonie. Bref, le gouvernement a mis la charrue avant les bœufs… La "mère de toutes les réformes", selon l’expression consacrée, exigeait une préparation plus sérieuse et une méthode plus rigoureuse, estime encore Le Figaro. On ne change pas un système vieux de plus de 70 ans en improvisant son successeur sur un coin de table. Cela s’appelle avoir les yeux plus gros que le ventre. Quel gâchis ! »

Le couteau sous la gorge

Sud-Ouest est à peu près sur la même ligne : « S’il voulait éviter l’enlisement qui s’annonçait, le Premier ministre n’avait d’autre choix que de recourir à cet article 49-3 qui, rappelons-le, a été utilisé par presque tous les gouvernements quelle que soit leur couleur politique et ne s’apparente en rien à ce coup de force que d’aucuns dénoncent. Mais il est vrai que le duo Macron-Philippe s’y est particulièrement mal pris depuis le départ, relève également Sud-Ouest. Trop pressé, il s’est privé de la possibilité d’organiser un débat plus rationnel sous le régime dit du "temps programmé". Il s’est surtout mis lui-même le couteau sous la gorge en voulant à tout prix aboutir à un vote avant les élections municipales, comme si les deux sujets étaient liés. Mal comprise et mal acceptée par une grande majorité de Français, la mise en place d’un régime universel de retraites, réforme présentée comme la plus emblématique du quinquennat, aurait mérité un débat sérieux et approfondi au Parlement. Il faut espérer, conclut Sud-Ouest, qu’il puisse enfin avoir lieu au Sénat puis, qui sait, en seconde lecture à l’Assemblée nationale. »

Enfin, L’Humanité s’indigne : « Quelle farce ! Quel irrespect ! Quelle morgue ! Décidément, rien n’arrête plus ce pouvoir ! Se croyant protégé par la progression du coronavirus qui inquiète beaucoup, le Premier ministre, au crépuscule d’un samedi, organise un coup de force contre le Parlement. Même les députés de sa majorité furent surpris. Pour détruire l’élément essentiel du pacte social français que sont les retraites solidaires par répartition, une camisole de force veut tenir silencieuse l’Assemblée nationale. »

Plus contagieux que le coronavirus : la peur…

L’épidémie de coronavirus continue de s’étendre en France. Selon un sondage publié par Le Parisien, elle inquiète 61 % des Français.

Le Parisien qui s’interroge : « Qu’y a-t-il de plus contagieux que le coronavirus ? La peur du coronavirus, répond le journal. Alors que la France a franchi ce week-end le seuil symbolique des 100 cas de contamination pour atteindre hier soir les 130 cas, et que les mesures de vigilance ont été relevées d’un cran, l’anxiété, elle, galope sans frein et infuse le quotidien et les conversations. Et ce bien au-delà de l’Oise et de la Haute-Savoie, alors que les médecins – et les autorités sanitaires – répètent à longueur d’interviews et de conférences de presse que les formes de la maladie sont en majorité sans aucune gravité. »

En effet, pointe Le Midi Libre, « c’est finalement davantage l’inquiétude qu’il faut maintenant combattre. L’exemple du Louvre et de ses salariés exerçant leur droit de retrait hier en fermant le musée montre que la communication quotidienne nécessaire et salutaire ne parvient pas à enrayer la peur de ce virus inconnu il y a un mois. Ici ou là, naissent donc des questionnements sur la tenue de grands rassemblements et la présence de chacun au sein de foules ou de groupes. Pourtant, la mise en œuvre rapide des moyens de détection efficaces, les prises en charge immédiates et les précautions à prendre répétées par les autorités sanitaires devraient rassurer. »

Syrie : bras-de-fer russo-turc

Enfin, la Syrie, avec l’opposition de plus en plus flagrante entre la Russie et la Turquie.

« Aujourd’hui, en Syrie, après neuf ans de conflit, des armes turques tuent des soldats syriens, et des armes russes tuent des soldats turcs », constate La Voix du Nord. (…) Ce conflit qui n’en finit pas est la plus tragique démonstration de l’impuissance diplomatique actuelle. (…) Devant cette désertion des démocraties libérales, les régimes autoritaires se sont sentis plus forts que jamais. La Russie de Vladimir Poutine veut faire oublier ses défauts domestiques (une économie de rente, une population en souffrance, une démocratie approximative) par ses ambitions diplomatiques. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan tente de vendre à une population qui rêvait autrefois d’une prospérité à l’européenne la possibilité d’un retour à la grandeur ottomane passée. »

En tout cas, il y a peu de risques d’une confrontation armée directe entre les deux pays, estime Le Figaro. « En Syrie, tout comme en Libye, Poutine et Erdogan semblent désormais rodés à l’exercice : d’abord les menaces, puis la provocation militaire, ensuite les négociations. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 05:18
  • 04:57
  • 05:03
  • 05:03
  • 04:59