À la Une: la France entre interrogations et inquiétude
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![Assemblée nationale, une vue de l'hémicycle à Paris, le 12 mars 2025. Le semaine politique et sociale s'annonce houleuse en France. [Image d'illustration]](https://s.rfi.fr/media/display/efa94716-ffcc-11ef-9cd1-005056a97e36/w:1024/p:16x9/000_36ZZ68D.jpg)
C’est une semaine décisive qui s’annonce, avec, demain, le vote de confiance à l’Assemblée nationale, qui selon toute vraisemblance, verra le Premier ministre François Bayrou perdre la main. Mercredi, le 10 septembre, la journée de protestation « Bloquons tout ».
Deux rendez-vous qui inquiètent les hebdomadaires. Le Nouvel Obs et Marianne, parlent même d’une « crise de régime ». « Après une réélection sans élan en 2022, des législatives sans majorité, une dissolution suicidaire en 2024 et une vraie défaite aux législatives qui ont suivi, voici Emmanuel Macron bientôt contraint de nommer son cinquième Premier ministre en trois ans », constate le Nouvel Obs. Il se demande si « cette crise inédite est le signe d’une Vème République à bout de souffle ou de l’échec d’une classe politique incapable d’inventer une autre pratique du pouvoir ».
De son côté, Marianne s’interroge « sur le blocage total et la défiance généralisée qui posent la question de la survie du régime à court terme ».
Procrastinations
C’est dans cette atmosphère plutôt pessimiste que la presse tente d’envisager l’avenir. Pour ce qui est du prochain gouvernement, les socialistes, et particulièrement leur Premier secrétaire Olivier Faure, ont fait savoir qu’ils étaient intéressés.
« Olivier Faure a vocation à revendiquer le pouvoir », estime François Hollande dimanche 7 septembre dans la Tribune Dimanche. Pas tendre avec son successeur, l'ancien président socialiste estime que « si le gouvernement de François Bayrou tombe demain, les procrastinations d’Emmanuel Macron ne peuvent plus avoir cours. Il doit nommer vite un Premier ministre et lui laisser la plus grande des latitudes pour assurer la présentation d’un budget dans les délais constitutionnels. Il ne peut être question de poursuivre la politique menée depuis 2017. »
François Hollande ne va toutefois pas jusqu’à réclamer la démission du président : « Ayant occupé cette charge, sachant combien nos institutions doivent être respectées, je ne serai jamais de ceux qui appellent à la démission du président de la République ».
Dette publique
Quant à la situation économique, elle n’engage pas non plus à l’optimisme. L’Express, notamment, se désole de voir la France endettée jusqu’au cou. « Un médecin parlerait sans doute de déni. Ou de fuite en avant », nous dit l'hebdomadaire, « Il dresserait le diagnostic d’un patient incapable d’appréhender le réel. Le réel, c’est celui d’une société française, malade de sa dette publique et de ses déficits qui s’empilent méthodiquement depuis 1973, au gré des alternances politiques ».
Le 8 septembre, poursuit l’Express, « François Bayrou va jouer son avenir politique, et surtout la crédibilité de la France, sur un chiffre : 44 milliards d’euros, la facture nécessaire pour commencer à infléchir la tendance et permettre enfin au pays de respecter les engagements pris à Bruxelles ».
Et l’Express ironise sur ceux qui ne partagent pas ce point de vue, tel Olivier Faure. « Pour le patron du PS, le problème du déficit français ne serait pas celui d’une dépense publique obèse, mais de recettes faméliques en raison des cadeaux fiscaux accordés depuis 2017 » affirme l’Express, qui poursuit : « Pire, au cœur des revendications du nébuleux mouvement "Bloquons tout", cette phrase reprise par Jean-Luc Mélenchon (le leader de la France Insoumise) : "cette dette n’est pas la nôtre". »
« Bloquons tout »
Alors, précisément, ce mouvement qui appelle au blocage pour la journée de mercredi, est-il aussi nébuleux que l’affirme l’Express ? Pas vraiment si l’on en croit le Nouvel Obs, qui a fait la rencontre de celle qui, selon lui, a lancé le mouvement un soir de colère.
Christelle 46 ans, ancienne « gilet jaune », habite dans le sud de la France, et selon le Nouvel Obs, elle veut rester anonyme. C’est elle qui, avec l’aide de ChatGPT, a écrit « cette lettre ouverte au peuple de France », dans laquelle elle s’exclame notamment : « Stop aux injustices, stop aux abus. Stop à ce système qui broie les humains pour nourrir les profits. Ce jour-là, nous ne sortirons pas : Pas de travail, pas d’école, pas d’achat. Pas de train, pas de métro… ».
Une vidéo postée sur TikTok qui connaît un succès immédiat. « Le lendemain, raconte Christelle, je vois que la vidéo a fait plus de 300 000 vues, puis très vite 600 000. » Sur les réseaux sociaux, « on se dispute la paternité de l’appel », extrême droite et extrême gauche « s’étripent », nous dit le Nouvel Obs, qui cite également un sondage de la Fondation Jean Jaurès, selon lequel « 80 % des soutiens au mouvement se situent dans la gauche radicale ». Des soutiens auxquels le Parisien-Dimanche savonne la planche, évoquant « un caravansérail de revendications sans grande cohésion, parfois même contradictoires mais qui se retrouvent dans un même fond de sauce : le ras-le-bol. De quoi ? D’un peu tout, une exaspération toute française », estime le journal. On en saura sans doute plus, le 10 septembre !
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