Chronique des matières premières

Pétrole russe: le coup de pouce des sanctions américaines

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Le pétrole russe se vend de mieux en mieux grâce aux sanctions américaines. C’est l’effet paradoxal des mesures de rétorsion prises par Washington à l’encontre de l’Iran ou du Venezuela.

Le logo du géant russe des hydrocarbures Rosneft au siège à Moscou.
Le logo du géant russe des hydrocarbures Rosneft au siège à Moscou. REUTERS/Maxim Shemetov
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La politique de sanctions américaines n’a pas toujours les effets escomptés. Elle-même visée par de nombreuses sanctions américaines, la Russie bénéficie de certaines mesures de rétorsion décidées par Washington à l’encontre d’autres pays. Ainsi, le pétrole russe se vend de mieux en mieux à travers le monde en partie grâce aux sanctions décidées contre l’Iran et contre le Venezuela.

Selon le journal russe RBK, qui cite des chiffres rendus publics par les services de douanes russes, les exportations de pétrole russe vers la Turquie ont ainsi été multipliées par 4 en 2019… en raison des sanctions imposées au pétrole iranien. Même phénomène sur le marché américain : faute de pouvoir acheter le pétrole du Venezuela, frappé de sanctions, les raffineries américaines se tournent vers d’autres producteurs, et notamment vers la Russie. Classés au 20e rang des importateurs de pétrole russe en 2018, les États-Unis ont ainsi grimpé au 12e rang de ce classement à la fin de l’année 2019. « Merci les sanctions » résume, avec une bonne dose d’ironie, le journal Gazeta.ru.

Les très bons résultats de Rosneft

Mais l’effet paradoxal des sanctions américaines pourrait être de courte durée. Car Washington s’en est pris récemment à la filiale commerciale de Rosneft, le géant russe des hydrocarbures. Accusée d’avoir aidé le Vénézuela à vendre son brut malgré les sanctions, la filiale est à son tour dans le viseur de l’administration américaine. En attendant de mesurer l’impact réel de ces nouvelles sanctions, le groupe Rosneft affiche des résultats éclatants. En 2019, son bénéfice net a atteint les 700 milliards de roubles, environ 10 milliards d’euros… soit une hausse de 29% par rapport à l’exercice précédent.

Une ombre se profile bien sûr pour 2020, qui n’a rien à voir avec les sanctions américaines : les répercussions du coronavirus sur l’économie mondiale et sur les cours du pétrole.  La Russie estime cependant qu’elle est prête à affronter la tempête. « Le budget est protégé, des réserves ont été créées » a ainsi déclaré en fin de semaine dernière le ministre russe des Finances. « Même avec un prix du pétrole à 30 dollars le baril, a expliqué Anton Silouanov, nous pourrons facilement financer nos dépenses durant quatre ans. » 

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