En pleine crise du coronavirus, comment les journalistes font face au risque sanitaire alors que beaucoup de rédactions sont passées au télétravail.

Les chroniqueurs, et parfois les présentateurs ou les reporters, bref tous les journalistes qui ne sont pas indispensables au fonctionnement du média ont fait depuis mardi l’expérience du télétravail. Europe 1, par exemple, se pilote quasi-intégralement à distance avec des matinales réalisées depuis le domicile du présentateur. À Radio France comme à RFI-France 24 ou à France Télévisions, les invités sont désormais interviewés en duplex. Reste une étrangeté : pourquoi les chaînes d’infos continuent-elles de montrer des plateaux avec des médecins, invités ou consultants à un mètre l’un de l’autre sans masque protecteur ? Bien sûr, on se doute qu’un épidémiologiste a les moyens de se tester, mais que dire d’une invitée politique comme Roselyne Bachelot que l’on voyait vendredi sur le plateau de LCI ?
Certes, le masque n’est pas seyant à la télé. Il est même, disons-le, anxiogène. Mais quoi de mieux que des intervenants masqués sur les plateaux si l’on veut faire prendre conscience de la virulence de l’épidémie ? Les reporters aussi devraient apparaître sous masque, au moins quand il se trouvent sur des lieux de soins ou dans des foyers épidémiques. Si leur sécurité n’est pas assurée, ils peuvent d’ailleurs faire valoir leur droit de retrait, selon le Syndicat national des journalistes.
Seulement voilà, là où ça se complique, c’est que des masques, justement on en manque. Et forcément en porter un alors qu’il est réservé aux professions de santé qui ont du mal à en trouver en ces temps de pénurie serait choquant. Jean-Paul Hamon, le président de la Fédération des médecins de France, incrimine l’administration sous Nicolas Sarkozy qui aurait décidé d’économiser 15 millions d’euros en ne renouvelant pas un gros stock de masques.
Mais il y a eu aussi, selon lui, un défaut coupable d’anticipation du gouvernement alors qu’on vendait encore fin janvier des masques à l’étranger. Selon Michel Leroy, le président de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris que nous avons eu au téléphone, 120 000 masques FFP2 qui devaient être livrés en Ile de France ne l’ont pas été cette semaine par la société Geodis. Le distributeur les a-t-il reçus ? Ont-ils été volés ? Ce qui est sûr, c’est qu’il est impossible à l’heure actuelle de fournir tous les médecins et les infirmières. Et encore moins les professionnels du paramédical comme les soins à domicile. À l’évidence, les journalistes passeront après même s’ils ont été exposés au virus par les politiques. En parlant de « mascarade », à propos des élections municipales, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn ne pensait pas si mal dire.
► À lire aussi : Critiqué sur la pénurie de masques, le gouvernement se défend
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne