Audiovisuel européen: l'empire romain germanique de la famille Berlusconi
Publié le :
Avec le rachat du groupe ProSiebenSat.1 par MediaForEurope, le paysage audiovisuel européen est en pleine recomposition.

MediaForEurope ou MFE, auparavant connu sous le nom de Mediaset, regroupe les chaînes italiennes Canale 5, Italia 1, TGCom24, ainsi que les chaînes espagnoles Cuatro et Telecinco. Sous l'impulsion de Pier Silvio Berlusconi, le fils de l'ancien président du conseil italien, cet ensemble italo-espagnol s'est donné un objectif : prospérer en Europe et faire jouer les synergies entre les pays.
Le père, Silvio Berlusconi, avait échoué en France avec La Cinq au milieu des années 1980. Le fils, lui, a réussi à s'étendre en Allemagne. Il a pris jeudi 4 septembre le contrôle de plus de 75% du capital de ProSiebenSat.1, le deuxième groupe privé de l'audiovisuel allemand, avec ses chaînes ProSieben, KabelEinz et la plateforme de streaming Joyn, qui compte huit millions d'abonnés.
Le groupe a également des positions fortes en Autriche et en Suisse, ce qui permet à Pier Silvio Berlusconi de se hisser à la tête d'une sorte d'empire romain germanique de 210 millions d'habitants. Et de fait, avec ProSiebenSat.1, MediaForEurope devient le premier acteur audiovisuel en Europe, avec près de sept milliards d'euros de chiffre d'affaires, devant RTL Group et la BBC.
L'influence des plateformes américaines
Netflix, Amazon Prime, Disney+ ou HBO Max sont des menaces pour les acteurs européens. Pour l'emporter, MediaForEurope, qui détenait déjà le tiers de ProSieben, n'a pas hésité à améliorer son offre face au deuxième actionnaire, un groupe tchèque. Il aura ainsi la main sur 20 millions d'abonnés au streaming grâce à Joyn et sa propre plateforme Infinity.
Mais l'idée est aussi notamment de disposer d'un catalogue d'œuvres et de formats, et de les faire circuler d'un pays à l'autre. Le populisme dont la télé de Berlusconi est capable, avec d'éventuelles atteintes à l'indépendance des rédactions, inquiète le gouvernement allemand. Mais Pier Silvio Berlusconi l'a juré : ce sera une offre locale, respectueuse de l'information, encore plus adaptée au public allemand, avec davantage d'actualités et moins d'adaptations de formats.
Les dirigeants d'Arte veulent aussi une plateforme européenne, mais publique
Bruno Patino, le patron d'Arte France, parle de « pièce manquante » dans les audiovisuels publics européens : une plateforme européenne qui défende des regards, des cultures et un espace public commun. Arte.tv est déjà en sept langues et partenaire de douze chaînes publiques. Selon Boris Razon, son directeur éditorial, c'est « de l'art et non du commerce », mais il lui faut de l'argent public.
À lire aussiLa stratégie d'hyperdistribution des grands opérateurs audiovisuels français
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne