L'industrie pharmaceutique africaine en quête de souffle
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L'Afrique subsaharienne importe les neuf-dixièmes de ses médicaments. Une situation de fragilité notamment en période de pandémie. Pourtant depuis 20 ans, on assiste à l'émergence de productions locales de médicaments, notamment dans les génériques.
« La pandémie du Covid-19 nous a révélé la nécessité de développer l’industrie locale. Car en début de pandémie, certains pays, ceux qui produisent le plus de substances actives ou de produits finis, ont restreint, voir même interdit, l’exportation de certaines matières. » Le docteur Vandi Deli, directeur de la Pharmacie et du Médicament au ministère de la Santé du Cameroun, résume bien le sentiment dominant en Afrique.
La pandémie de Covid-19 a révélé la fragilité de pays qui, pour la plupart, dépendent de l’extérieur pour leurs médicaments. Au Cameroun comme en Côte d’Ivoire les fabricants de génériques et de produits pharmaceutiques se comptent sur les doigts de la main.
L'avenir du médicament africain dépendra des industriels locaux
À Abidjan, Pharmivoire Nouvelle produit des solutés, c’est-à-dire ces flacons de solution intraveineuse que l’on trouve dans les hôpitaux. La fondatrice de la société, Elisabeth Kacou, déplore que l’état continue d’acheter à l’étranger ce qui est pourtant déjà disponible sur le marché local.
« Il faut qu’il implique réellement et directement. Avec des mesures telles que l’arrêt d’importation des produits fabriqués localement sur une durée de cinq ans, juste pour permettre aux gens de rentabiliser leur investissement », dit-elle.
Si aujourd’hui les grands laboratoires français et mondiaux fournissent l’Afrique, l’avenir du médicament africain dépendra peut-être des industriels locaux. Avec le Maroc, l’Algérie et l’Afrique du Sud, la Tunisie est l’un des rares pays du continent disposant d’une véritable industrie pharmaceutique. Une industrie qui cherche désormais à exporter.
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Une croissance des industriels africains depuis près de dix ans
Saiph, l’un des leaders du médicament générique tunisien, construit actuellement une usine à Abidjan. « On a créé une deuxième plateforme en Afrique, en démarrant par la Côte d’Ivoire qui est le vrai pays émergent », soutient Ramzi Sandi, directeur général de Saiph. « Déjà, [le pays] a mis en place l’assurance maladie, chose qui va doubler ou tripler le marché pharmaceutique ivoirien. Et à partir de cette plateforme, on essaiera d’alimenter le marché de l’Afrique subsaharienne. »
Si les Big Pharma dominent largement sur le marché africain, les industriels locaux connaissent une croissance à deux chiffres depuis près de dix ans, et certains comme le Sud-Africain Aspen Pharmacare jouent déjà dans la cour des grands, pesant cinq milliards de dollars à la Bourse de Johannesburg.
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