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Plan de relance: un tournant «historique» pour l’Union européenne?

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Comme chaque vendredi, nous retrouvons la chronique « Le Monde en questions » qui revient cette semaine sur l’annonce, au terme d’un sommet très dur, d’un plan de relance de 750 milliards d’euros pour l’Union européenne. Et la question que l’on se pose est la suivante : « Avec ce plan de relance, l’Union européenne a-t-elle, comme l’affirment certains, effectué un tournant historique ? »

Un accord «historique» a été trouvé entre les 27 pays membres de l'Union européenne après quatre jours de négociations tendues.
Un accord «historique» a été trouvé entre les 27 pays membres de l'Union européenne après quatre jours de négociations tendues. JOHN THYS / POOL / AFP
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La réponse est : un tournant oui, historique peut-être pas tout de même.

Ce plan de relance de 750 milliards d’euros, accouché dans la douleur lors de l’un des sommets les plus longs et les plus tendus de l’histoire de l’Union européenne, représente une avancée importante pour cette organisation basée sur la coopération d’États Nations.

D’abord par le montant débloqué, qui devrait permettre aux États de l’Union d’atténuer les effets de la crise sociale et économique sans précédent, provoquée par la pandémie du coronavirus et le confinement qui a suivi. La somme considérable de 750 milliards d’euros représente presque un tiers du produit intérieur brut de la France.

Ensuite et surtout par la manière dont ces fonds doivent être empruntés : 360 milliards d’euros sous forme de prêts souscrits et remboursés par chacun des états. Et 390 milliards sous la forme d’un emprunt commun, souscrit au nom de l’Europe et remboursé par elle auprès des créanciers. Un pot commun qui doit profiter, sous forme de subventions, aux États les plus en difficulté au niveau de leur budget et de leur endettement - notamment les pays du Sud, Espagne et Italie en tête.

Endettement commun

Et c’est là que se situe la grande nouveauté - historique donc pour certains. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que, pour la première fois de son histoire, c’est l’Europe en tant qu’entité qui s’endette et que ce mécanisme du coup met en place des subventions aux États qui en ont le plus besoin sans que ces derniers n’aient à rembourser eux-mêmes l’argent qu’ils recevront. Pour les Européens les plus convaincus, il s'agit d'une avancée majeure qui fait progresser l’intégration et la solidarité européenne - et donc la cause d’une Europe plus unie et plus fédérale.

Et c’est là le nœud de la question : est-on face à un tournant historique ou s’agit-il d’une mesure d’urgence causée par la nécessité du moment - mais qui ne se produira qu’une fois ? Et par ailleurs, peut-on vraiment se réjouir d’une avancée de la cause européenne qui se produit autour d’un endettement commun ? Certains en doutent, pensent que ce n’est pas ça qui fera plus rêver d’Europe les peuples du Vieux Continent, et estiment que ce geste restera unique - notamment de la part de l’Allemagne, qui en renonçant à son orthodoxie budgétaire, a rendu possible cette dette commune.

Pour résumer, il s'agit d'un vrai progrès, qui doit encore être validé par le Parlement européen, ce qui n’est pas gagné. Une révolution copernicienne du fonctionnement de l’Union européenne ? Sans doute pas.

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