Italie: la crise sanitaire prive toujours Rome de ses touristes
Publié le :
Selon les calculs d’Assoturismo, la principale association patronale dans le secteur du tourisme, Rome enregistrera pour les mois de juin à août 4,5 millions touristes en moins qu’à la même période en 2019. Ainsi, sur les 5 000 guides touristiques professionnels que compte la capitale, plus de 90% sont à l’arrêt. Mais en dépit de toutes les difficultés, liées à la crise du coronavirus, on observe une soif de relance guidée par une réflexion sur les effets néfastes du tourisme de masse

Rome comme on ne l’a jamais vue depuis au moins 30 ans, cela donne des images de places aussi célèbres que celle du Panthéon encore plus belles mais pratiquement désertes. Comme tous les guides touristiques, Anne-Caroline doit se contenter d’une indemnité mensuelle de 600 euros pour compenser sa perte de revenus. « Je vois l’avenir d’une manière difficile puisqu’on pense que le tourisme ne reprendra qu’en mars 2021. On a repris un tout petit peu en juillet mais la situation reste catastrophique, parce qu’il y vraiment très peu de monde. Et paradoxalement c’est le pur bonheur de visiter Rome dans ces conditions. On a vraiment envie de retourner à un tourisme de qualité... Cè‘ sempre speranza. Il y a toujours de l’espoir ».
Dans la capitale, 47% des commerces sont menacés de faillite mais les Romains tentent de surmonter la crise. Paolo avait trois boutiques de bagagerie dans le centre historique. Il a dû en fermer deux. « J’ai 70 ans, je dois rembourser un prêt bancaire pour mon commerce, alors soit je perds tout soit je continue à travailler. Je suis vieux mais je sais que je m’en sortirais ».
Dans le secteur de la restauration, la chute du chiffre d’affaires est estimée à trois milliards d’euros pour l’été 2020. La situation inédite, due à la pandémie de coronavirus, invite à réfléchir sur les conséquences du tourisme de masse. Mario, propriétaire du restaurant Alfredo alla Scrofa, dont la clientèle était principalement américaine et asiatique explique sa stratégie. « Nous existons depuis 1943 donc nous avons lancé une opération de marketing pour faire connaître notre histoire aux Romains qui nous aideront à nous relever. Mais il faut remettre en place bien des choses auxquelles nous n’accordions plus d’importance. »
L’osteria « Poldo e Gianna », qui privilégie depuis 25 ans une cuisine simple et traditionnelle, parvient à se maintenir à flot même si le nombre de couverts est passé de 150 par jour, avant la pandémie, à environ 70 en ce mois d'août, indique l’un des patrons, Leopoldo. « Tous les restaurants qui spéculaient sur les touristes ne pourront probablement pas rouvrir. Nous, nous n’utilisons aucun produit congelé, nous faisons vraiment les courses chaque jour. Moi je souhaite un retour à une vie normale mais un peu à l’ancienne, plus sereine ».
Le secret de la future renaissance de Rome c’est peut-être ça : retrouver la dimension humaine.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne