Reportage international

Au Pérou, une usine d’oxygène itinérante vient au secours des malades du coronavirus

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Depuis plusieurs mois déjà le Pérou fait face à une pénurie d'oxygène médical. Début juin, le gouvernement l'a donc qualifié de « ressource stratégique pour la santé » et annoncé l'importation d'oxygène depuis les pays voisins. Mais plus de deux mois ont passé et la situation ne s'est pas améliorée. L’association des maires du Pérou a donc lancé sa propre usine de production d'oxygène médical qu'elle distribue gratuitement aux familles des patients Covid.

Un parent d'un patient Covid-19 fait la queue pour recharger une bouteille d'oxygène à Villa Maria del Triunfo, dans la banlieue sud de Lima, au Pérou, pays en grande pénurie d'oxygène.
Un parent d'un patient Covid-19 fait la queue pour recharger une bouteille d'oxygène à Villa Maria del Triunfo, dans la banlieue sud de Lima, au Pérou, pays en grande pénurie d'oxygène. Ernesto BENAVIDES/AFP
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Il faut plusieurs minutes pour remonter la longue file d’attente qui s’est formée à l’entrée de ce parc de San Juan de Lurigancho, un quartier populaire du nord-est de Lima. A l’intérieur, une dizaine de personnes s’activent autour d’un grand camion. A l’arrière du véhicule, des hommes chargent et déchargent des bouteilles d’oxygène, sous le regard attentif de Sandra Huamani qui veille au bon déroulement des opérations. « On approvisionne la population en oxygène. Les gens viennent avec leur bouteille, on leur remplit gratuitement et ils repartent. »

La jeune femme est membre de l’association des maires du Pérou, à l’origine de cette usine de production d’oxygène médical, installée dans un camion. Et c’est Alvaro Paz de la Barra, président de l’association qui en a eu l’idée, après avoir perdu son père, mort du coronavirus, courant juillet. « Il y avait une pénurie d’oxygène médical dans tout le pays. Et je me suis dit qu’en tant que représentants d’une autorité locale, nous, les maires, devions agir dans cette lutte pour la vie. C’est pour ça qu’on a lancé ce projet solidaire. »

Avec son usine itinérante, Alvaro Paz de la Barra et son équipe de bénévoles font le tour des quartiers de Lima et distribuent l’oxygène produit gratuitement. Car au Pérou la situation est telle que même les hôpitaux, débordés, sont à court d’oxygène. Les familles des malades doivent donc s’en procurer par elles-mêmes. Une situation qui a conduit à une explosion des prix de cette nouvelle « denrée rare ». Pour ces familles, l’initiative de l’association est donc une bénédiction.
« Grâce à Dieu, ici on nous donne l’oxygène. Mon oncle a le Covid. Il est à la maison parce qu’à l’hôpital il n’y a plus de place, ils n’acceptent plus de patients. Il a besoin d’oxygène, mais il n’y en a plus nulle part ou bien c’est vendu très cher. C’est pour ça qu’on est là. »

Comme elle, ils sont des centaines ce jour-là à faire la queue depuis le petit matin avec leur bouteille d’oxygène vide. Certains ont même passé la nuit dehors pour être sûr d’être approvisionné. Car si l’usine de l’association fonctionne 24h sur 24 et 7 jours sur 7, la demande est telle qu’il a fallu établir un protocole de sélection, comme l’explique Sandra Huamani. « On recoupe les informations avec les autorités sanitaires pour déterminer les cas les plus urgents. Ce sont les bouteilles que vous voyez ici. Malheureusement, deux des patients à qui elles étaient destinées souffraient de détresse respiratoire aigüe et sont décédés dans la matinée. »

Face à l’urgence, Alvaro Paz de la Barra appelle le gouvernement à réagir rapidement. « On espère que le gouvernement s’inspire de notre modèle pour répondre à la demande en oxygène sur le territoire péruvien. »

En attendant, l’association des maires du Pérou va continuer à parcourir les 43 quartiers de la capitale avec son usine d’oxygène itinérante.

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