Pourquoi le plan de relance est un exercice périlleux
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100 milliards d’euros pour relancer l’économie française. Le Premier ministre Jean Castex détaille ce jeudi 3 septembre son plan de relance en conseil des ministres. L’efficacité est-elle garantie ?

Cette question de l’efficacité, du résultat, hante tous les gouvernements en prise avec les conséquences désastreuses du Covid-19. Car la précédente crise mondiale, celle de 2008-2009, a démontré à quel point la relance était un exercice délicat, au succès très aléatoire.
La zone euro a mis dix ans à s’en sortir, et encore, avec des exceptions comme l’Italie. La péninsule a été laminée par le Covid-19 alors qu’elle n’avait pas encore retrouvé son niveau d’activité d’avant la crise de la dette. On a compris depuis qu’il fallait un effort massif, et suivi dans la durée pour éviter de casser la reprise comme l’a fait la politique obtuse d’austérité prônée à Bruxelles. L’autre enseignement de 2008, c’est le besoin de coordination au niveau mondial. Cela avait été fait au niveau du G20.
Le plan français évite-t-il les écueils précédents ?
Au regard du montant débloqué par rapport à la richesse nationale, c’est quatre fois plus que lors de la précédente crise. C’est donc un effort conséquent. Mais encore bien loin des débauches de dépenses faites par les États-Unis. La France consacre 9 % de son PIB au soutien de son économie. En moyenne, dans la zone euro, on est autour de 6 %. Les États-Unis sont eux déjà à 13 % de leur PIB. L’autre handicap de ce plan français, c’est l’absence de coordination internationale, avec le conflit entre la Chine et les États-Unis, l’élection américaine qui se profile, impossible de trouver une zone pacifiée pour articuler la reprise au niveau mondial.
En revanche, l’Europe a réussi cette fois à se mobiliser et à sortir de ses dogmes pour soutenir un effort collectif. La moitié des fonds alloués par Paris proviennent du plan européen de 750 milliards d’euros adoptés en juillet par les 27.
Quant au rythme du plan français, il s’étale sur trois ans avec l’espoir d’un retour à la normal dès 2022. Et cette fois, son exécution sera surveillée comme le lait sur le feu par un comité interministériel qui se retrouvera tous les mois autour de Jean Castex. Un comité qui sera prompt à rectifier le tir au besoin, promet Matignon.
Les solutions mises en place passent surtout par un soutien aux entreprises et à l’investissement. Sont-elles adaptées ?
Les économistes approuvent l’architecture générale de ce deuxième acte du plan de sauvetage. Le premier a été le soutien aux ménages avec les mesures de chômage partiel qui ont permis aux Français de conserver leur pouvoir d’achat. Il est temps maintenant de redonner du souffle aux entreprises en finançant un gros effort pour favoriser le retour au travail et en soutenant l’investissement sur le long terme pour « préparer la France à l'horizon 2030 ». C’est l’ambition affichée par les services du Premier ministre. Car ce plan s’inscrit aussi dans la durée en privilégiant la transition écologique et la compétitivité des entreprises. Mais on n'est pas encore dans un plan de rupture stratégique comme l’a été le « New Deal » après la crise de 1929 ou le plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, plusieurs inconnues risquent de compromettre sa mise en œuvre : d’abord une avalanche de faillite dans les prochains mois qui pourrait dramatiquement compliquer la situation. Et aussi une recrudescence du Covid-19, néfaste à l’activité. Sans oublier la confiance des consommateurs et des décideurs, la confiance étant l’ingrédient indispensable pour faire marcher l’économie.
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