
« Macron lance la 5G malgré l’opposition des écologistes » : c’est le grand titre du Figaro. « Une nouvelle technologie a rarement autant déchaîné les passions, constate le journal. La 5G est devenue un incontournable du débat politique. Emmanuel Macron est monté au créneau, lundi soir, comparant les détracteurs de la 5G à 'des amish' réfractaires à toute nouvelle technologie. »
Il faut dire, pointe Le Figaro, que « le gouvernement fait de cette technologie un élément de compétitivité pour le pays. Ses opposants, eux, n’y voient que gabegies et demandent un moratoire. Le temps presse, alors que les enchères pour les fréquences 5G débutent le 29 septembre et que sa commercialisation par les opérateurs télécoms doit être lancée avant la fin de l’année. La France est en retard de "douze à dix-huit mois sur ses grands voisins", rappelle le ministère de l’Économie. »
Ne pas rester à l’écart de cette révolution technologique ?
Alors, oui, le président a raison, estime Le Figaro. « Emmanuel Macron, c’est heureux, a décidé d’ignorer les marchands de peur, s’exclame le journal, et de déployer, enfin, la technologie de l’Internet du futur en France. Les conclusions d’un rapport commandé aux autorités sanitaires les plus respectables l’y autorisent sans ambiguïté : contrairement à ce que l’on nous serine, pointe Le Figaro, l’exposition aux ondes électromagnétiques liées à la 5G, très largement inférieure aux seuils réglementaires, ne mettra personne en péril. En revanche, rester plus longtemps à l’écart de cette révolution technologique risque fort de nuire gravement à la santé du pays. »
Trop tard pour réfléchir ?
La Croix est plus mesuré. « Ce qu’il y a d’intéressant dans le débat autour de la 5G, c’est qu’il témoigne de l’émergence d’une réflexion critique sur le progrès technique, pointe La Croix. Les questions posées par ceux qui demandent un moratoire sur cette cinquième étape de déploiement de la téléphonie mobile sont légitimes, estime le quotidien catholique : impact sur la consommation d’énergie et de minerais rares, conséquences éventuelles pour la santé, utilité réelle des services qui pourront être développés avec la 5G… La réponse à ces questions n’est certainement pas simple. Et il est sans doute bien tard pour se les poser. Mais, estime encore La Croix, il est regrettable de les écarter d’un revers de main comme l’a fait lundi Emmanuel Macron en ironisant sur le "modèle Amish". Il est nécessaire de réfléchir sur les évolutions technologiques. C’était d’ailleurs la vocation de la Convention citoyenne sur le climat, voulue par le chef de l’État. Cette instance, notons-le, avait préconisé un moratoire sur la 5G. Proposition qu’Emmanuel Macron n’avait pas récusée. »
Tourner sept fois la langue dans sa bouche…
Libération est à peu près sur la même ligne : « Sans opposer d’emblée un "niet" à la 5G, de multiples questions méritent pourtant d’être posées, dans le calme et, de part et d’autre, sans oukase. Son impact environnemental d’abord ; son utilité sociale ; la priorité de franchir ce cap quand il faudrait déjà en finir avec les zones blanches ; ses enjeux de souveraineté et de sécurité ; ses risques sanitaires. Emmanuel Macron, lundi soir, a eu beau jeu d’en appeler à un "débat éclairé". Le voilà bien parti. Pour en poser le cadre, conclut Libération, peut-être eut-il fallu éviter d’emblée de se ranger du côté de la France "des Lumières" contre les tenants du "retour à la lampe à huile" (selon ses propres termes). Conseil d’amish. »
En effet, soupire Sud-Ouest, « Emmanuel Macron avait pourtant promis de tourner désormais sept fois la langue dans sa bouche pour s’abstenir d’une de ces petites phrases qui le rendaient immédiatement arrogant ou méprisant. La 5G a eu raison de ce vœu pieux. […] Comparer les détracteurs de cette technologie aux Amish, communauté religieuse non violente qui vit encore comme au XIXe siècle, au temps du cheval et de la bougie. Un président devrait-il dire ça ? À moins qu’il soit déjà en campagne pour sa réélection… »
Visées électorales ?
Mais ça ne fait guère de doute, lance La Charente Libre : « Emmanuel Macron attaque violemment parce que le paysage se dessine plus clairement à vingt mois de la présidentielle et six mois des régionales. La majorité cherche à créer avec le Modem et d’autres, une "maison commune" construite sur un bloc libéral-centriste. Le tout après avoir commencé sa vampirisation du bloc national-conservateur, en allant le chercher sur l’autorité et l’insécurité, résumées dans "l’ensauvagement" repris par Gérald Darmanin. Là aussi dans la droite stratégie sarkozyste. Les Républicains macron-compatibles, déjà très présents au gouvernement, sont prêts à planter un peu plus leur famille pour en recomposer une autre […]. »
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