Good morning...

Good Morning de New York, où la rentrée scolaire divise en plein Covid-19

Publié le :

La rentrée scolaire à New York se déroule en plusieurs étapes. Cette semaine, ce sont les écoles maternelles qui rouvrent. En tout, la ville compte plus d’un million et demi d’écoliers. Une reprise loin de se passer en douceur. New York a été durement frappée par le coronavirus au début de la pandémie avec 23 700 morts. Et même si aujourd’hui, l’épidémie est sous contrôle, les enseignants s’opposent à la rentrée en présentiel.

Premier jour de rentrée à l'école Pré-K au Mosaic Pré-K Center dans le Queens à New York, le 21 septembre 2020, après une rentrée retardée à cause du Covid-19.
Premier jour de rentrée à l'école Pré-K au Mosaic Pré-K Center dans le Queens à New York, le 21 septembre 2020, après une rentrée retardée à cause du Covid-19. Timothy A Clary/AFP
Publicité

De notre correspondante à New York,

Depuis que le maire Bill De Blasio a annoncé cet été que la ville optait pour le présentiel, les enseignants et les syndicats protestent. Il faut savoir que New York dispose du plus vaste système scolaire du pays avec plus d’un million d’élèves. Mais c’est aussi l’un des plus inégalitaires. Souvent, les écoles publiques disposent de peu de moyens, certaines salles de classe n’ont pas de fenêtre ou de ventilation. Ce qui pose beaucoup de questions.

« On sait qu’on travaille dans des conditions dangereuses, explique Jane Taylor, enseignante dans une école primaire de Manhattan. D’après le maire, ce n’est pas grave que les enfants mangent dans les classes sans leur masque, même si jusqu’à présent, à New York, il est toujours interdit de manger à l’intérieur des restaurants. Et donc, on est nombreux à avoir peur d’avoir les enfants sans masque dans des salles très peu ventilées. »

Des dépistages automatiques avaient également été promis, mais ce sera finalement aléatoire. Selon les syndicats, il n’y a pas assez d’infirmières dans les écoles, les enseignants n’ont pas été suffisamment formés.

L'impression d'une rentrée mal gérée

« On a l’impression d’être une expérimentation, poursuit Jane Taylor. Et ça va être triste quand quelqu’un de notre bâtiment tombera malade. Qu’est-ce qu’on va faire si quelqu’un meurt du Covid ? Vous savez, mon père a 74 ans et je sais que je ne vais pas le voir pendant un moment. Je serai exposée à tellement de personnes, je n’ai pas envie de le soumettre à ça. »

Ce que veulent les enseignants, c’est commencer l’année en ligne, pour avoir le temps de bien préparer un retour en présentiel dans de meilleures conditions. Ils reprochent au maire d'avoir voulu ouvrir les écoles coûte que coûte. Sans compter que la date de la rentrée a été changée au moins trois fois, puis finalement à la dernière minute, que le maire a décidé de décaler les rentrées des écoles primaires, collèges et lycée. Tout cela donne l’impression aux enseignants que la rentrée est mal gérée.

Retrouver une vie normale

Les parents ont le choix entre d'un côté, une formule hybride où les enfants passent deux ou trois jours à l’école et le reste de la semaine, tout se fait en ligne, et de l'autre, un enseignement 100 % à distance. Près de 60 % de parents ont choisi d’envoyer leurs enfants à l’école. Beaucoup parce qu’ils n’ont tout simplement pas le choix, s’ils travaillent et qu’ils n’ont personne pour rester avec leurs enfants, ou qu’ils n’ont pas accès à Internet ou à des ordinateurs. Comme Julia Albores, certains estiment que c’est ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants : retrouver un semblant de vie normale.

« Je crois que c’était dur pour eux d’être dans leur chambre, sur une chaise, devant un ordinateur toute la journée, confie-t-elle. Je crois que ça les fatiguait et ça les a affectés sur le plan émotionnel. Mon fils Emilio parfois se mettait à pleurer. Et même si on veut éviter tout risque pour nous, nos voisins et la communauté, on devait prendre en compte leur santé mentale. »

Manifestations d'enseignants et de parents

Elissa Berger, elle, a choisi de garder ses enfants à la maison et dit partager les inquiétudes des enseignants sur la sécurité. « Ce sont eux qui savent le mieux ce qui se passe en classe. Je pense que la ville devrait les écouter et leur faire confiance. Qu’est-ce qui va se passer si mon enfant de 6 ans pleure en classe ? Qui va le consoler ? Tout ça compte pour moi. J’adorerais que mes enfants retrouvent leurs enseignants, mais on n’est pas prêts ! »

Le week-end dernier encore, plusieurs manifestations d’enseignants et de parents ont eu lieu à New York. Ils espèrent encore convaincre le maire de retarder la rentrée en présentiel quelques semaines, le temps d’être sûr que tout est en place. Et éviter de devoir fermer les écoles à nouveau à cause d’éventuelles contaminations.

À lire également : Good morning de Wilmington, dans le fief de Joe Biden

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI