Certains avaient généreusement espéré qu'il marquerait les Américains, tel un nouveau Reagan. Au terme de son premier mandat, Donald Trump laisse au monde et à une bonne partie de son peuple l'impression d'un leadership plutôt brouillon et défaillant, dont on peut craindre qu'il contamine nombre d'États africains...

Pour l’Afrique, il existerait donc, selon vous, des leçons à tirer de ce qui a porté Donald Trump au pouvoir à Washington. Pour se choisir un président, l’Amérique, ce 3 novembre, va justement devoir trancher entre ce dernier et Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama. Avant tout, comment tant de personnes, aux États-Unis et à travers le monde, espèrent plus ou moins ouvertement la défaite de Donald Trump, davantage encore que la victoire de Joe Biden ?
Au-delà du fait que l’Amérique, en plein milieu d’une pandémie, se découvre encore plus fragile sous son leadership, que les autres nations, il y a la pratique du pouvoir de l’actuel locataire de la Maison Blanche, qui en a désorienté plus d’un. Les affaires du monde, sous ce singulier leader du monde libre, sont allées de travers comme jamais, et nul n’oublie la manière choquante dont il a parfois traité les alliés traditionnels des États-Unis.
Par ces temps incertains, l’humanité, cernée par les défis et les pires menaces, a plus que jamais besoin d’un leadership empreint de clairvoyance et de sérénité. L’ère des improvisations, des offenses et des intimidations a de moins en moins de chance de succès. Pour l’Afrique, sa présidence constitue, en effet, une source inépuisable de leçons, surtout de pratiques à proscrire.
Quel intérêt le passage au pouvoir de Donald Trump présente-t-il concrètement pour l’Afrique ?
Dans sa très grande perplexité, l’opinion, en effet, n’en finit pas de se demander comment un tel homme a pu se hisser à la tête de la première puissance mondiale. Le fait que Donald Trump a pu parvenir à ses fins aux États-Unis prouve que tous les peuples de la terre peuvent, désormais, basculer sous la coupe de personnages au profil… discutable, à qui il suffit de savoir se faufiler entre les textes et les filtres des institutions, en manipulant subtilement l’opinion, et en profitant de l’usage capricieux que leurs concitoyens peuvent parfois faire du bulletin de vote.
C’est en cela que les Etats africains sont particulièrement vulnérables. Presque partout sur le continent, la magistrature suprême est potentiellement à la portée du premier qui a ce qu’il faut de toupet et de bagout, plus, naturellement, quelques soutiens financiers, même peu recommandables. Au pouvoir, ils peuvent servir des intérêts que l’on n’ose même pas imaginer. Y a-t-il seulement un dieu pour protéger l’Afrique des cartels, des prédateurs de ressources naturelles et autres bandits de grand chemin qui se seraient soi-disant rapprochés de Dieu ? Un État, aussi squelettique soit-il, aussi méprisable puisse-t-il paraître aux yeux d’un… Donald Trump, demeure un espace de souveraineté. Qui, entre de mauvaises mains, peut vite se muer en un hub pour trafics d’armes, de drogue, et de blanchissements divers.
C'est quand même une démonstration inquiétante ! N’est-elle pas un peu trop alarmiste ?
Peut-être. Mais, vous souvenez-vous ! Devant une commission du Congrès, Michaël Cohen, ancien avocat à tout faire de Donald Trump, prévenait que son ex-patron, jamais, ne passerait pacifiquement le pouvoir. Ce que l’intéressé lui-même a fini par laisser entendre, à mots couverts, dans cette campagne. Nos inquiétudes se fondent, justement, sur la fâcheuse habitude qu'ont certains hommes politiques africains à de plus en plus placer leur soif de pouvoir au-dessus des aspirations de leurs peuples, agençant les institutions à leur convenance, et calibrant les textes et les lois qui régissent l’État, pour qu’ils ne leur soient pas opposables. Et c’est ce qui fait d’eux des proies potentielles pour les intérêts occultes douteux qui, par définition, lâchent rarement les territoires dont ils prennent possession. Exactement comme tous ces politiciens qui, parvenus au pouvoir, ne veulent plus jamais le lâcher.
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