
Trois jours après l’élection présidentielle, et sans même attendre les résultats officiels qui donnent Alassane Ouattara largement vainqueur, l’opposition est passée hier soir à l’offensive contre le président sortant. Elle a en effet annoncé « la création d’un Conseil National de Transition, pointe le site d’information Abidjan.net. Un Conseil National de Transition présidé par Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA. Annonce faite par le porte-parole de la plate-forme de l’opposition ivoirienne, Pascal Affi N’Guessan. D’après lui, poursuit Abidjan.net, le pouvoir en place et l’organe chargé de l’organisation des élections "n’ont réussi à faire voter que 8% de l’électorat, malgré les bourrages d’urnes, toutes autres formes de tricherie, d’agressions et d’assassinats perpétrés contre les partisans de l’opposition".
À en croire Pascal Affi N’Guessan, relève encore Abidjan.net, ce Conseil National de Transition a pour mission de préparer le cadre d’une élection présidentielle juste, transparente et inclusive. Mais également de mettre en place, dans les prochaines heures, un gouvernement de Transition. Ce Conseil aura aussi la tâche de "convoquer des assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix définitive en Côte d’Ivoire". »
Le pouvoir met en garde
Pour sa part, le pouvoir en place menace, rapporte L’Infodrome, autre site d’information ivoirien : « le porte-parole d’Alassane Ouattara, Mamadou Touré met en garde : "l’opposition assumera les conséquences de ses actes. Il n’y a pas de vacance du pouvoir, donc la mise en place d’un pouvoir de transition est anticonstitutionnelle". » Commentaire de L’Infodrome : « à l’image des élections de 2010, celles de 2020 mettent en face à face deux positions. D’un côté, le gouvernement RHDP qui œuvre à la célébration de la victoire de son candidat Alassane Ouattara et de l’autre, l’opposition qui se dit prête à former un gouvernement de transition. Qui des deux sortira vainqueur de ce bras-de-fer ? »
Nouvelle crise post-électorale
Du coup, « au secours ! », s’exclame L’Eléphant déchaîné. « Bédié désigné président d’un conseil national de transition, la jeunesse encore dans le feu ! Ils veulent encore des vies et des vies ! »
En effet, on craint « une nouvelle crise », pointe Le Monde Afrique. « Le bilan exact des violences, qui passent presque systématiquement du champ politique à l’affrontement interethnique, est difficile à établir. Neuf personnes sont mortes dans le sud du pays depuis le vote, selon un décompte de l’Agence France-Presse. » Et du côté des observateurs, poursuit Le Monde Afrique, « si la mission de l’Union africaine estime que "l’élection s’est déroulée de manière globalement satisfaisante", le Centre Carter, fondation créée par l’ancien président des États-Unis et Prix Nobel de la paix Jimmy Carter, est beaucoup plus critique : "le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis, affirme-t-il, d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible". »
Alors, soupire Wakat Séra au Burkina, « plus que jamais, la Côte d’Ivoire s’enfonce dans une crise post-électorale bien prévisible. Comme en 2010, le pays se retrouvera tiraillé entre deux pouvoirs. Chaque camp fait monter les enchères à leur maximum pour se mettre en position confortable en prévision de probables négociations. »
Et « une fois de plus, c’est le peuple qui va trinquer. En plus de porter le deuil de toutes ces personnes tuées dans les manifestations contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara, les populations doivent s’attendre à un regain de la cherté de la vie, car depuis l’ébullition politique, l’économie également est en transe. »
Comment se réconcilier ?
Alors quel choix pour Ouattara ?, s’interroge Le Pays, toujours au Burkina : « adopter une posture de fermeté pour mettre tout le monde au pas, tout de suite et maintenant, ou bien laisser la vague de la contestation s’estomper avec le temps, comme on l’a vu sous d’autres cieux sous nos tropiques. Mais au bout du compte, pointe le quotidien ouagalais, le défi restera le même pour lui car, si au bout de deux quinquennats, il n’a pas réussi à relever le défi de la réconciliation, on se demande comment il s’y prendra désormais pour rapprocher les frères ennemis ivoiriens. C’est le seul combat qui vaille encore la peine d’être mené, estime encore Le Pays, si ADO ne veut pas rater sa sortie de l’histoire de ce pays qu’il dit pourtant tant aimer. »
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