Si loin si proche

Nanterre et ses bidonvilles: une mémoire en partage

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À l’ouest de Paris, cette ville universitaire, préfecture des Hauts-de-Seine, a été façonnée de longue date par l’immigration. Sauf que durant les Trente Glorieuses, à Nanterre comme ailleurs, la place qui a été faite aux travailleurs immigrés, appelés à rebâtir la France dès l’après-guerre, s’est surtout appelée « bidonvilles ».

D’anciennes résidentes des Potagers devant les murs de leur cité qui, dès 1961, a accueilli les habitants des bidonvilles. C’est l’une des dernières cités de transit de Nanterre, aujourd’hui vouée à la démolition.
D’anciennes résidentes des Potagers devant les murs de leur cité qui, dès 1961, a accueilli les habitants des bidonvilles. C’est l’une des dernières cités de transit de Nanterre, aujourd’hui vouée à la démolition. Inès Edel-Garcia
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Rien qu’à Nanterre, il y a eu une douzaine de bidonvilles. Là, à l’ombre des nouvelles tours du quartier d’affaires de La Défense et des cheminées d’usines alors en quête de main d’œuvre à bon marché, les rêves de milliers d’immigrés, souvent maghrébins, se sont échoués sur des terrains en friche, dans les travées boueuses de ces cités d’infortune, de bois et de tôle. Jusqu’au début des années 70, dans les bidonvilles de Nanterre, 14 000 personnes vont y inventer une vie, souvent loin des regards, à la lisière des cités et de nos consciences. 

Aujourd’hui, ces lieux ont disparu mais la mémoire des bidonvilles a marqué l’image de cette ville, jadis fief de l’immigration algérienne qui, sous l’impulsion des projets du Grand Paris, fait désormais peau neuve, voire place nette. Craignant que cette mémoire ne s’efface, certains Nanterriens cherchent inlassablement à la partager et la faire exister dans l’espace public, à même la rue. En les suivant dans la ville, ils nous rappellent aussi le besoin d’écrire et bâtir une histoire commune entre l’Algérie et la France. 

En compagnie d’acteurs associatifs et d’enfants des bidonvilles, tous très attachés à Nanterre, ou en visite avec la Société d’histoire de Nanterre, suivez-nous sur les chemins d’une mémoire vive, sensible et populaire. 

Un reportage d’Inès Edel-Garcia.

En savoir plus :

- À lire :

- « Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles », d’Abdelmalek Sayad. Éditions Autrement, 1995

- « Rue des Pâquerettes » de Mehdi Charef, Éditions Hors d’atteinte, 2019

- « Chroniques du bidonville – Nanterre en guerre d’Algérie », de Monique Hervo. Éditions Seuil 2001

- « Vivants », de Mehdi Charef. Éditions Hors d’atteinte, 2020

- « Vivre au Paradis, d'une oasis à un bidonville », de Brahim Benaïcha. Éditions Desclée de Brouwer, 1999

- « Demain, Demain - Nanterre, bidonville de la Folie 1962-1966 », de Laurent Maffre. Actes Sud BD / Arte Éditions, 2012

- « Du bidonville à la cité », de Victor Collet. Éditions Agone, 2019

- « La rue des Prés. Habiter un bidonville à Nanterre », de Serge Santelli et Isabelle Herpin. Société d’Histoire de Nanterre, 2020.

À voir :

- À Nanterre, allez à la rencontre, dès que possible, des libraires passionnées de El Ghorba mon amour, une librairie ouverte en 2020 dans le quartier des Provinces Françaises, en face de l’université.

- Poussez la balade le long du Parc du chemin de l’île. Une exposition pérenne de photos prises par Serge Santelli en 1968 sur les bidonvilles de la rue des Prés, est accrochée sur les grilles du Parc.

- Pour les journées du Patrimoine, la Société d’histoire de Nanterre organise des visites historiques de la ville. 

- Les photographies de Jean Pottier, photojournaliste de Nanterre, qui a documenté pendant des années avec son appareil, les bidonvilles de Nanterre.

Des habitants viennent retirer leur courrier aux boîtes aux lettres du bidonville de Nanterre.
Des habitants viennent retirer leur courrier aux boîtes aux lettres du bidonville de Nanterre. ©UPI/AFP

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