Si loin si proche

Au cœur de «l’Anima» avec Kapka Kassabova

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Suivons le rythme du troupeau et le calendrier des montagnes, dans les hauts plateaux bulgares, avec une écrivaine de l’expérience et du grand dehors. 

Kapka Kassabova a suivi la transhumance de 600 bêtes dans les Monts du Pirin en Bulgarie.
Kapka Kassabova a suivi la transhumance de 600 bêtes dans les Monts du Pirin en Bulgarie. © Droits réservés Marchialy
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Il y a quatre ans déjà, à l’occasion du Prix Nicolas Bouvier que lui avait décerné, en 2020, le Festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo en France, on avait reçu la poétesse et écrivaine de non fiction, d’origine bulgare, installée en Ecosse: Kapka Kassabova. Autour de ses deux premiers ouvrages : «Lisières» et «L'écho du Lac», mêlant voyage et érudition, poésie et immersion, sillonnant ses terres natales à chaque fois, dans les Balkans. Et après «Elixir», son troisième opus placé dans la vallée reculée de la Mesta, voilà Kapka partie à la rencontre des derniers éleveurs nomades des Monts du Pirin, en Bulgarie, situés non loin de la Mesta…

Dans «Anima», ce quatrième récit entre éloge et élégie du monde pastoral, on croise un peuple nomade millénaire «les Karakachans», Kamen, l’homme au nom de pierre, Sasho, «le berger aux yeux décolorés par la tristesse et l’alcool», Marina, la biologiste qui appelle les loups, les plus vieux moutons du monde, des chiens de garde nobles et résistants et des paysages de montagne qui vous étreignent et vous retiennent. 

Anima, c’est l’âme en latin. La racine du mot « animal » aussi, soit tout être qui respire, doué d’une âme, de vie. Ce qui renvoie à l’animisme bien sûr. Les nomades karakachans l’appelaient « psyché ». Elle leur apparaissait sous forme de souffle, de brume ou de vent. Et c’est ce souffle du vivant, la force du lien entre humains et non-humains, que vient capter Kapka sur près de cinq cents pages, au moyen d’un récit puissant, à l’occasion d’une estive parmi six cents moutons, en immersion ; car comme le dit Kapka «ce ne sont pas les grandes idées qui changent le monde mais l’expérience et le vécu des lieux et des gens…». Ainsi, après pas mal de temps passé là-haut, Kapka Kassabova est finalement redescendue pour se faire l’émissaire, à sa manière, de ce monde âpre et en sursis, au bord de la disparition, qui vit encore en harmonie dans ce grand cycle de la nature… 

Transhumance sonore et littéraire avec une grande écrivaine de la nature qui nous invite à repenser notre rapport au vivant et au monde finalement.

 

À lire

- «Anima», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2025. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana.

- «Elixir», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2024. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana.

- «L’écho du lac», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2021. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana.

- «Lisières», de Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. 2020. Traduit de l’anglais par Morgane Saysana. Prix Nicolas Bouvier 2020.

Kapka Kassabova en estive dans les Monts du Pirin et son récit Anima publié en France chez Marchialy.
Kapka Kassabova en estive dans les Monts du Pirin et son récit Anima publié en France chez Marchialy. © Droits réservés Marchialy

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