En un an, deux cimenteries à capitaux chinois ont ouvert leurs portes à Likasi et Kolwezi, dans le Katanga. Au total, elles produisent près de deux millions de tonnes de ciment. Jusqu'alors ce produit était importé à 100 %. Pour les habitants et les constructeurs, la production locale est une aubaine, mais pas pour les importateurs.

De notre correspondante à Lubumbashi,
Assis devant sa maison du quartier Kakontwe dans la ville Likasi à 120 kilomètres de Lubumbashi, Joseph A. Museng discute avec ses amis. À l’entrée de sa parcelle sont exposés quelques sacs de ciment gris. L’entreprise GCK qui produit ce ciment est construite à près de 500 mètres juste derrière cette maison.
Cette proximité l’a motivé à se lancer dans le commerce du ciment local pour pallier les besoins de la famille. « Je suis agent Gécamines. Pour le moment, je suis en congé. Il faut aussi se débrouiller autrement. Voilà pourquoi avant que je ne reprenne le travail, j’ai voulu vendre quelque chose pour la survie des enfants. Nous avons commencé avec 300 sacs. Dès que la quantité diminue, on se réapprovisionne », explique-t-il.
Une baisse des prix du marché
La production du ciment gris à Likasi a favorisé la réduction du prix sur le marché. Le sac de 50 kg se vend aujourd’hui à 14 000 francs congolais soit 7 dollars alors qu’il coûtait parfois 30 000 francs congolais équivalant à 15 dollars.
Ce qui réjouit Luc Mwema, il construit sa maison au quartier Jolie site de Likasi. « C’est une bonne chose et c’est ce que nous recherchons, promouvoir la production locale. Il n’y a pas que le ciment qui peut être produit ici. Le Congo est un pays riche. Il faudrait aussi qu’un jour qu’on apprenne que le pays commence à produire des voitures par exemple, cela va nous réjouir davantage », souligne-t-il.
Un manque à gagner pour les importateurs
Si les consommateurs se disent satisfaits du prix du ciment local, les importateurs ont un autre avis. Le ciment de Likasi et de Kolwezi ne leur procure pas assez de bénéfices comparativement à celui importé de la Zambie par exemple, explique Mimiche Kainda, une importatrice rencontrée à Lubumbashi. Car les vendeurs ne peuvent pas fixer le prix au-delà de celui déterminé par le ministère du Commerce à savoir 7 dollars.
Sur ce ciment, on ne gagne que 700 francs par sac. Chez moi par exemple, j’ai trois enfants et je débourse 120 dollars des frais scolaires par mois et par enfant, avec ce petit bénéfice, comment puis-je assurer la scolarité des enfants, leur transport et même la ration alimentaire ? Car dans le commerce, tout se calcule. Mais si j’achète mille sacs de ciment provenant de la Zambie, je gagne 1.500 par sac soit un intérêt total de 1,5 million de francs équivalent à 750 dollars. Même si je dépense 360 dollars pour les frais scolaires, je serai toujours dans le bon.
Le ministre de l’Industrie a déjà recommandé à ces cimenteries d’accéder au code d’investissement pour bénéficier des allègements fiscaux et ainsi réduire le prix du sac à 5 ou 6 dollars.
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