Afrique du Sud: avec la transition écologique, quel avenir pour les mineurs et les communautés?
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Adieu charbon, pétrole, gaz ? Dans un avenir proche, ces énergies fossiles pourraient bien disparaître. Pour le plus grand bien de la planète, mais avec de lourdes conséquences pour les populations qui vivent de leur exploitation. Que deviendront les mineurs et leurs familles ? La transition écologique doit être « juste », répètent à l'envi les professionnels du secteur qui plaident pour qu'on leur accorde du temps. De son côté, la société civile appelle à ne pas oublier les communautés qui risquent de perdre leurs emplois. Des ONG étaient réunies lors d'un sommet alternatif en marge du salon Mining Indaba qui rassemble les professionnels du secteur minier. En marge, mais pas si éloigné.

De notre correspondant au Cap,
Nous voici dans un sommet alternatif avec des idées... controversées. « Le charbon est mort, vive le charbon ! », arrangue un homme. Ce qui fait réagir : « Non ! Le charbon tue ! » Devant un parterre de militants, cet intervenant dénonce la pression des pays développés qui forceraient la transition énergétique. « C'est pour lancer le débat que je m'autorise cette provocation. Nous devons trouver une voie qui dépasse la question de la réduction des émissions de CO², qui est une obsession des pays du Nord. »
Une transition énergétique qui doit prendre en compte les populations
Thialy Faye, responsable du programme justice économique pour l'ONG Oxfam au Sénégal, adhère à ce propos : « Pour le moment, nous en Afrique, on n’est pas encore prêts pour la transition énergétique parce qu’aujourd’hui l’Afrique pollue à moins de 4 % et il y a des pays en développement qui ont beaucoup plus contribué à la pollution et qui jusqu’à présent n’ont pas pris un certain nombre d’engagements. Mais ici en Afrique, j’ai l’impression que nous voulons aller trop vite en besogne ».
Thialy Faye appelle à ne pas abandonner brusquement les énergies fossiles qui soutiennent les économies africaines et renforcent leur indépendance énergétique. Un discours porté par le ministre sud-africain de l'Énergie et des Ressources minérales, Gwede Mantashe. « On ne devrait pas diriger nos investissements uniquement vers la transition énergétique, mais plutôt en faire autant pour l'accès universel à l'électricité. La transition énergétique ne peut être juste, sans justice. Elle ne doit pas s'intéresser aux chiffres sans prendre en compte les populations. »
Un avenir économique assuré pour les mineurs
L'industrie du charbon représente 100 000 emplois directs en Afrique du Sud. Oui, il faut s'attendre à des pertes emplois dans les prochaines années, mais les mineurs auront toujours un avenir dans l'économie du pays, assure Roger Baxter, PDG du Conseil sud-africain des minerais : « Les mineurs qui travaillent dans les mines de charbon sont de bons ingénieurs et partagent des compétences avec les autres secteurs miniers lourdement mécanisés. La plupart des gens qui travaillent dans le charbon seront capables de trouver des opportunités dans les autres secteurs miniers si on leur permet de se développer. »
Pour se détourner des énergies fossiles, le continent africain mise sur les métaux verts : ce sont ces métaux nécessaires à la transition écologique et qui sont fabriqués à partir du cobalt, lithium, zinc, cuivre ou nickel. Notre avenir énergétique se joue toujours dans les profondeurs de la terre.
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