Au Bénin, les PME agricoles commencent à s’intéresser au secteur bio. Un secteur d’autant plus porteur que le renchérissement des denrées issues de l’agriculture conventionnelles rend l’agriculture bio plus compétitive.

De notre envoyé spécial à Cotonou,
C’est dans la villa familiale au cœur de Cotonou que Pierre-Louis Amoussou tient chaque semaine son marché bio. « Alors, ici vous avez de la laitue Eden, de la feuille de chêne, des concombres ordinaires, des aubergines… », indique-t-il. Depuis 2015, ce scientifique de haut niveau reconverti dans l’agriculture vend les produits de sa ferme de sept hectares ainsi que ceux d’un groupement de producteurs bio. « Je peux dire que depuis que nous avons commencé, il y a une évolution des mentalités, une sensibilisation qui est faite et une prise de conscience des bienfaits du bio. »
Une prise de conscience qui n’a pas encore atteint les pouvoirs publics, déplore Pierre-Louis Amoussou. « Nous vivons de fonds propres, nous ne recevons aucune aide du gouvernement pour faire ce que l’on fait. Si nous étions accompagnés, cela nous aiderait à étendre nos capacités. Par exemple, la ferme aurait vocation à être un centre de formation en bonne et due forme pour améliorer la santé des gens », explique-t-il.
Le besoin d'aide de l'État pour développer la filière bio
Rawlings Gnanga est un ancien élève de Pierre-Louis Amoussou qui a longtemps enseigné l’agronomie. Il produit des jus de fruits, mais peine à trouver des producteurs d’ananas bio. « Les producteurs que je rencontre sont plus dans l’agriculture conventionnelle, parce que la production bio nécessite beaucoup de travail, beaucoup d’énergie et beaucoup d’argent », indique-t-il. « Or, vu la cherté de la vie au Bénin actuellement, beaucoup réfèrent faire de l’agriculture conventionnelle. » Reste qu’avec le coût croissant des engrais et des pesticides, les producteurs conventionnels sont obligés d’augmenter les prix, et les produits bio deviennent plus compétitifs.
Mohamed Wabi produit un sel enrichi aux dix-sept épices, qui remplace les bouillons cubes. Et le prix de vente n’a pas augmenté cette année. « Parasel, dès que vous l’utilisez dans la cuisine, vous oubliez le sel, les bouillons et vous faites un excellent repas. Un repas sain. Les fibres des dix-sept épices renforcent votre système immunitaire… », annonce Mohamed Wabi.
Reste que dans certains domaines comme les jus de fruits, le différentiel de prix entre le bio et le conventionnel est encore très important, du simple au double. Pour les producteurs bio, sans un coup de pouce de l’État, la filière mettra beaucoup de temps à se développer.
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