Projet pétrolier: l'Ouganda veut construire ses filières [1/4]
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Le 12 avril dernier, l’Ouganda et TotalEnergies ont signé les accords définitifs du projet pétrolier du Lac Albert. Un grand projet qui compte notamment l’extraction de pétrole, son traitement ainsi que son exportation via un pipeline de plus de 1 400 kilomètres. De grands chantiers dont l’Ouganda compte profiter pour former des spécialistes dans le secteur et construire ses filières.

De notre envoyée spéciale, de retour de Buliisa, en Ouganda
Bientôt, à Bulissa se tiendra la « zone industrielle » du projet Tilenga. Les travaux de génie civil ont commencé. Didier Klejnowski est le responsable de la construction chez TotalEnergies. Dans le cahier des charges : l’emploi et la formation d’Ougandais. Il explique :
« En Ouganda, ils ont d’excellentes compétences, typiquement dans le génie civil, donc on a eu absolument aucune difficulté à trouver du personnel très compétent. Aujourd’hui, c’est à peu près 90-10, 90% d’Ougandais pour 10% d’étrangers. Ça va se réduire quand on va attaquer la CPF. Typiquement pour la soudure, même si on aura des Ougandais que l’on va former en binôme avec des gens de nationalités diverses et variées sur la soudure, l’instrumentation, les télécoms, sur les CV qu’on demande aujourd’hui, il y a certains postes qui nécessitent 10-15 ans d’expérience dans le "oil and gas". Donc ces gens qui viendront de l’extérieur, c'est essentiellement des gens qui ont des compétences "oil and gas" qu’on ne trouve pas aujourd’hui en Ouganda. »
Un point particulièrement important pour les autorités. Selon elles, les travaux préparatoires devraient créer 100 000 emplois directs ou indirects. Mais plus important encore pour Joseph Kobusheshe de l’autorité pétrolière, il s’agit de créer un réel savoir-faire oil and gas en Ouganda.
« Nous voulons constituer une main-d'œuvre dans l'industrie pétrolière et gazière de sorte que, quelle que soit l'industrie pétrolière, on y trouve un Ougandais qui travaille à niveau intermédiaire ou élevé. Ainsi, l'industrie pétrolière et gazière nous offre une opportunité d'exporter une main-d'œuvre de qualité parce que nous allons développer les bonnes compétences et nous allons les exporter », précise Joseph Kobusheshe.
Des retombées humaines. Et plus largement, sur le terrain, les acteurs comptent sur l’organisation de la filière, comme l’explique Tom Joseph Mukasa. Il est le directeur général de PEARL une entreprise sous-traitante de TotalEnergies. Il a déjà changé sa manière de travailler :
« Aujourd’hui, nous ne pensons plus que nous devons acquérir beaucoup de machines pour être sélectionnés dans les appels d’offre. Nous avons appris qu'il ne fallait pas toucher à nos capitaux. Il faut travailler avec des partenaires et la chaîne d'approvisionnement doit être disponible. »
Quand on lui demande si la chaîne d'approvisionnement en Ouganda fonctionne bien, il répond :
« Plus ou moins, en tout cas, c'est elle qui nous alimente aujourd’hui. Nous aimerions qu’elle soit mieux organisée. Que nous puissions aller louer des équipements à un prix abordable. Parce que nous sommes confrontés au défi des coûts élevés. Mais cela s’organise. »
PEARL, comme d’autres entreprises, travaille sur des projets pétroliers en Ouganda depuis les années 2010. Elles affirment avoir gagné en savoir-faire et obtenu différents marchés dans d’autres secteurs grâce à cette expérience.
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