La question foncière, problématique centrale du projet pétrolier ougandais [3/4]
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Selon Total, pour le projet pétrolier en Ouganda, 6 400 hectares de terrains sont en cours d’acquisition, ce qui concerne près de 19 000 foyers. Un chiffre sous-estimé selon les ONG. La question foncière est l'une des problématiques centrales du grand projet pétrolier Tilenga/Eacop, en cours de construction dans le nord-ouest du pays. TotalEnergies y est l’un des acteurs majeurs. Et au cœur des polémiques et crispations, ce sont notamment les compensations des terres et des cultures qui préoccupent.

De notre envoyée spéciale, de retour de Buliisa, en Ouganda
C’est une journée importante pour Daoundante Tumusimwe. Elle porte sa tenue des grands jours.
« Je suis bien habillée aujourd’hui car je suis venue signer l’accord de compensation. Il ne manquait plus que notre signature pour débloquer l’argent. Je suis très satisfaite », confie-t-elle.
Dans cette petite commune du nord-ouest, une vingtaine de personnes affectées par le projet - les PAPS - ont été sollicitées pour venir signer l’accord final de compensation dans cette petite commune du Nord-Ouest. En signant ce document, elles acceptent de céder leurs terres à Total. Si Daoundante Tumusimwe est satisfaite des termes de l’accord, ce n’est pas toujours le cas. Les PAPS peuvent alors faire une réclamation auprès de Total, et ont également la possibilité de faire appel à une tierce partie.

« Nous sommes ici pour aider les PAPS. Nous donnons en toute indépendance des conseils sur le projet. Nous ne faisons partie ni d’EACOP, ni du gouvernement », explique Ambrose Muganga, conseiller juridique. À côté de lui, un homme au visage renfrogné. Il n’est actuellement pas autorisé à signer pour obtenir sa compensation
« Son épouse n’est pas là et il dit qu’ils sont séparés. Si c’est le cas, il doit le prouver. C’est pourquoi nous essayons de lui expliquer qu’il nous faut le contact de son beau-père ou de sa belle-mère pour contacter sa femme. Si elle confirme, il pourra alors signer », nous dit-il.
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Il arrive que les mécontents se fassent entendre. Moses Bedijo est le représentant de PAPS d’une autre localité. Il raconte :
« Il y a parfois des manifestations. Cela arrive quand les compensations sont retardées. Et parfois les PAPS se plaignent que les montants des compensations sont insuffisants, que le montant est trop faible par rapport à la valeur de la terre »
Tout a été évalué : terres, bâti, cultures. Jérémy Roeygens, comme l'affirme le gestionnaire foncier et social d’EACOP en Ouganda :
« L’évaluation a été effectivement financée par Total. Comme c’est le cas dans la majorité des projets industriels partout dans le monde, c'est le developer qui finance les études, mais ces études sont ensuite revues et validées si considérées comme valable par les autorités en charge. Évidemment, tout ce qui est fait ici en Ouganda est fait en conformité avec les lois et les régulations du pays. »
Total l’assure, des compensations supplémentaires sont accordées lors de retards. Des cas ont été portés devant la justice.
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