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Quelles pistes pour lutter contre le «swollen shoot», la maladie redoutable du cacao?

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C’est le fléau qui fait trembler les producteurs de cacao en Afrique. Identifié pour la première fois au Ghana en 1936, le «swollen shoot» est une maladie virale incurable qui affecte les cacaoyers et se transmet essentiellement par des cochenilles. Des pistes de prévention et de détection sont cependant explorées. Rencontre avec les chercheurs réunis à Montpellier lors du Congrès international de recherche sur le cacao (ISCR). 

Cabosse de cacao (image d'illustration).
Cabosse de cacao (image d'illustration). © Eric Lafforgue / Art in All of Us / Corbis / Getty Images
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Le swollen shoot se manifeste visuellement par des gonflements au niveau des rameaux, d'où son nom. Pour l’instant, il n’existe aucun traitement, les arbres meurent inéluctablement et des milliers d’hectares doivent être arrachés.

Pour Martijn ten Hoopen, coorganisateur de ce congrès à Montpellier et qui supervise toute la recherche sur le cacao effectuée au sein du Cirad (le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), le swollen shoot n’est pas une maladie comme les autres. « Actuellement, explique-t-il, c'est la maladie qui est la plus répandue dans les deux pays principaux de production, la Côte d’Ivoire et le Ghana. C’est le swollen shoot qui tue l’arbre. C’est très coûteux aussi d’enlever les arbres morts, de replanter… C’est une maladie très difficile à contrôler. » 

Il n’y a pas de traitement contre ce fléau, mais des chercheurs travaillent sur des tests de détection, qui pourraient permettre de diagnostiquer la maladie à un stade précoce, et donc d’éliminer plus rapidement les arbres atteints avant qu’ils ne contaminent les autres.

C’est le cas de la Britannique Jacqueline Mary-Barnett, à l’université de Bristol : « C’est une technologie très simple. Il suffirait de prendre quelques feuilles, de commencer le processus d’extraction en les hachant, en les passant dans un filtre permettant d’isoler de grandes particules. Après, il suffirait de lire le test pour savoir si on est positif ou négatif. »

Les barrières de végétation, une mesure de prévention qui semble efficace

Ce système de prévention cherche à empêcher les insectes porteurs du virus d’arriver sur les cacaoyers sains. Régis Babin, du Cirad, teste depuis deux ans en Côte d’Ivoire un système de haies, des barrières de végétation qui ont un double rôle. 

« On a testé un certain nombre de plantes, dont le café robusta et l’acacia, rapporte le chercheur. On a des plantes qui jouent le rôle de barrière physique, qui vont stopper la dispersion des cochenilles vectrices de la maladie. Et d’autres plantes vont jouer un rôle biologique : les cochenilles vont se développer sur ces plantes en se libérant du virus, et lorsqu’elles passeront sur le cacaoyer voisin, elles seront sans virus, donc totalement inoffensives. Sur la quinzaine de parcelles que nous avons mises en place, seule une a été attaquée, une parcelle témoin entourée de cacao… Le taux de réussite pour l’instant est de 100% ». 

Certains arbres sont des réservoirs à virus, d’autres permettent de lutter contre lui. C’est ce travail d’identification, sur le terrain, qui doit maintenant être mené. 

► À écouter aussi : Swollen shoot : les cacaoyers en proie à une maladie difficile à éradiquer

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