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Centrafrique: dans la Basse-Kotto, le parcours du combattant des commerçants

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Après une décennie de crise sécuritaire qui a secoué la ville d’Alindao, située dans la préfecture de la Basse-Kotto, en Centrafrique, l’économie de la région est à terre. Entre braquages et incendies des véhicules, la libre circulation des biens et des personnes est un défi. Les commerçants sont dépouillés, parfois tués. Pratiquer le commerce relève aujourd’hui du parcours du combattant dans la Basse-Kotto.

Localisation d'Alindao, en Centrafrique.
Localisation d'Alindao, en Centrafrique. © RFI
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De notre correspondant, de retour d'Alindao,

À la gare-routière d’Alindao, deux camions sont sur le départ. Dans quelques minutes, ils seront dans la « jungle » comme ils disent. Passé le kilomètre 17, l’inquiétude est grandissante. Difficile de circuler sans être escorté par des forces loyalistes. Tout peut arriver à n'importe quel moment.

Marcos, un commerçant, décrit l’impact de ce calvaire sur son activité économique. « Les hommes armés sont partout dans la brousse. Ils observent les véhicules et les motos qui passent. Lorsqu'il n'y a pas d'escorte militaire, ils sortent pour commettre leur forfait. Quand on tombe dans leur embuscade, ils nous dépouillent de tous nos biens. Ils nous agressent physiquement et de fois, ils assassinent. »

Des commerçants dépassés

Nous sommes au village Kabou. Ici, la route est en très mauvais état. Des troncs d’arbres barrent souvent la route, parfois, il faut les découper à la machette pour libérer le passage. Des hommes armés ont érigé une dizaine de barrières entre Alindao et Bambari, des villes distantes de 120 kilomètres.

Boris, un commerçant, se dit dépassé. « Voyez vous-même, ce n’est pas une route ! Les véhicules des humanitaires peuvent circuler sur cette route, mais pour nous les particuliers, c'est très difficile. Présentement, je suis en train d’aller à Bangui pour ramener du ciment. Le propriétaire du camion a fixé la course à 2 500 000 francs CFA. Avec les barrières illégales qui foisonnent, je vais aussi payer des frais de formalités. Pour nous, c'est intenable. »

La demande de plus de forces armées centrafricaines dans la Basse-Kotto

Pour relancer l’économie de la région, Guy Mathurin Mozomo Séssé, maire d’Alindao demande le renforcement en effectif des forces armées centrafricaines dans la Basse-Kotto. « C’est la condition de la route qui fait que les commerçants augmentent les prix des produits de première nécessité. La route n’est pas bonne. Les paysans ne peuvent pas évacuer leurs produits agricoles normalement. Pour moi, je lance un vibrant appel au gouvernement d’augmenter le nombre des FSI, par exemple les gendarmes, les policiers, les Faca qui ne sont pas nombreux ici à Alindao pour assurer la sécurité de la population. »

La préfecture de la Basse-Kotto a été, pendant près de 10 ans, le fief du groupe armé UPC. Après la libération des principales villes par les forces armées centrafricaines et leurs alliés, les rebelles ont changé de stratégie et sont devenus des coupeurs de route. La population est asphyxiée et les activités socioéconomiques fonctionnent au ralenti. 

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