Ramadan: des Tunisiens désabusés par les prix et stocks de denrées malgré l’intervention de l’État
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En Tunisie le mois saint commence ce jeudi 23 mars avec des indicateurs économiques au plus bas. Le pays négocie depuis des mois un accord de 1,9 milliard de dollars avec le FMI. Au sein de la population, c’est surtout la hausse des prix qui s’en ressent et c’est la chasse aux prix les plus bas pour les Tunisiens tandis que les autorités tentent de lutter contre la spéculation et de réguler les prix.

De notre correspondante à Tunis,
Dans un entrepôt du centre-ville de Tunis, près de la gare de Tramway, un nouveau marché de légumes, viandes et poisson a été inauguré samedi 18 mars, une initiative du ministère de l’Agriculture censée garantir des prix réduits. Les agriculteurs et commerçants vendent directement leurs produits à la clientèle. Kamel, 52 ans, a rempli son couffin de légumes : « Il y a certains prix qui sont bien, mais pour d’autres produits, je trouve qu’il n’y a pas une grosse différence, c’est pas très bien organisé, affirme Kamel. J’ai acheté surtout des légumes parce que les prix étaient intéressants, mais pour ce qui est des viandes et tout ce n’est pas vraiment ça ».
Jihed, 30 ans, travaille dans les assurances, elle a entendu parler via le bouche-à-oreille de ce nouveau point de vente, mais elle reste déçue par la différence de prix : « Pour les œufs, la différence est de 400 millimes, 10 centimes d’euros, donc c’est dérisoire, pour la viande et le poisson, il y a eu un effort notamment pour réduire le coût du mouton, mais le problème c’est que tout est parti depuis ce matin », se désole la jeune femme.
Des baisses de prix exceptionnelles ont également été négociées avec les grandes surfaces
À la foire de l’artisanat, la semaine précédant le ramadan, habituellement, les clients se ruent sur la vaisselle ou le linge de table vendus aux prix d’usine. Mais cette année, beaucoup se sont privés du superflu. Anis Hamdi vend des cuillères et plateaux en bois d’olivier constate que son chiffre d’affaires est en forte baisse : « On sent que les gens restent frileux même si nos prix sont vraiment intéressants. Concrètement, que voulez-vous ? Les gens n’ont pas d’argent, tout est devenu cher, donc ils vont faire le tour des allées, mais ils ne vont pas acheter ».
À la veille du ramadan, le ministère du Commerce a annoncé des mesures pour fixer les prix sur certaines denrées et signaler les infractions, comme l’explique Houssem Eddine Touiti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques : « Donc c’est téléchargeable cette application, elle s’appelle Aswek. À travers cette application, le consommateur peut aussi déposer des plaintes avec des photos ».
La priorité reste aussi d’éviter les pénuries de ces derniers mois : le sucre, le café, le riz, des produits importés, ont été commandés en grande quantité et devraient arriver dans les prochains jours, pourvu qu’il n’y ait pas de problème de retard de paiement comme les mois précédents.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a parlé d’un risque « d’effondrement » de l’économie si le pays n’arrivait pas à trouver un accord avec le FMI. Un accord de 1,9 milliard de dollars que la Tunisie négocie depuis des mois.
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