Or industriel en Afrique: des standards peu fiables par manque de transparence? [2/2]
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L’organisation Swissaid vient de publier un rapport intitulé De l’ombre à la lumière. Une plongée dans le monde de l’or industriel en Afrique : 125 mines d’or industrielles recensées sur le continent par l’organisation, plus de 450 tonnes d’or industriel traité par 16 raffineries pour un montant total de plus de 23 milliards d’euros. Dans ce rapport, l’ONG pointe le manque de transparence dans les relations qu’entretiennent les raffineries et les mines. Elle pointe également ce qu’elle considère comme des insuffisances des standards de l’or industriel.

« La Suisse, l’Afrique du Sud et l’Inde raffinent l’essentiel de l’or industriel africain », révèle le rapport de Swissaid. D’où l’importance pour cette organisation d’exiger un maximum de redevabilité aux grandes raffineries, explique Marc Ummel responsable minerais de Swissaid. « Si ces raffineries-là prennent des mesures importantes pour s'assurer de la "propreté de cet or", c'est toute la chaîne d'approvisionnement en aval, c'est-à-dire la fin de la chaîne d'approvisionnement, qui recevra de l’or propre. Donc elles ont vraiment un rôle clé. D'où la nécessité qu'elles appliquent vraiment un devoir de vigilance extrêmement robuste. »
Et pour cela, l’un des standards les plus importants, devant certifier l’exploitation responsable de cet or, provient de la London Bullion Market Association, la LBMA. Cependant, ce standard ne tient pas ses objectifs, selon le rapport. « En réalité, quand vous vous plongez dans les relations d’affaires, vous vous rendez compte que la majorité de l'or industriel africain est exporté auprès de raffineries qui ont le standard LBMA, mais cet or est lié à de graves violations des droits humains et d'atteintes à l'environnement. Donc on voit que ce standard n'est pas du tout une garantie puisque aujourd'hui les raffineries ne doivent pas divulguer l'origine de leur or et si elles ne doivent pas le divulguer, elles ne prennent pas la responsabilité et si elles ne prennent pas la responsabilité de leurs approvisionnements. »
un standard au cas par cas
Mais la LBMA refuse d’aborder l’ensemble des mines africaines comme à « haut risque ». Surtout, elle assure s’aligner sur les directives de l’OCDE. « Il y a un point particulier dans le document d'orientation, souligne Sakhila Mirza, directrice juridique et directrice exécutive du conseil d'administration de la LBMA. Ce qu'il dit, c'est que les informations peuvent être divulguées à tout mécanisme institutionnalisé régional ou mondial. Donc cela n’implique pas que vous deviez tout divulguer publiquement. Nous croyons que la LBMA est un mécanisme institutionnalisé efficace où ces raffineurs peuvent rapporter leurs informations. Et ensuite, nous pouvons déterminer la meilleure façon de les rendre publique. »
L’organisation assure faire du cas par cas, et vouloir travailler par étape pour une amélioration effective. « Le programme d'approvisionnement responsable a commencé en 2012. Depuis, nous avons lancé neuf versions, chacune meilleure que la précédente. Nous prenons en compte les commentaires, nous les reflétons, mais il est possible que cela n’apparaisse pas dans la version que la société civile souhaiterait. C'est parce que nous devons nous assurer que les exigences sont introduites progressivement et efficacement. »
Pour Swissaid, l’amélioration de la redevabilité doit également passer par des actions des États qui abritent les mines et de ceux qui accueillent les raffineries.
► À lire aussi : Or industriel en Afrique, plus de transparence pour plus de redevabilité [1/2]
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